Commission Innovation 2030 : la nomination de Didier Lombard dérange

Les syndicats CFE-CGC et UNSA dénoncent la nomination au sein de la commission Innovation 2030 de l’ex-PDG de France Télécom-Orange Didier Lombard, mis en examen pour harcèlement moral.

La nomination de l’ancien dirigeant du Groupe France Télécom-Orange, Didier Lombard, au sein de la commission « Innovation 2030 » installée le 19 avril 2013 par le président de la République, ne fait pas l’unanimité.

Dans une lettre adressée la semaine dernière à François Hollande, les syndicats CFE-CGC et UNSA de l’opérateur historique se sont déclarés « abasourdis » d’apprendre la nomination de leur ex-PDG au sein de la commission chargée de préparer la France aux défis industriels et technologiques des vingt prochaines années.

Didier Lombard, l’État et l’exemplarité

« Comment se peut-il que le premier patron d’une entreprise française du CAC 40 mis en examen pour harcèlement moral, sous contrôle judiciaire, et dont l’innovation la plus marquante – la mobilité forcée des personnels fonctionnaires que l’entreprise ne pouvait licencier – s’est traduite par une crise sociale sans précédent et une vague de suicides jamais connue, puisse aujourd’hui se trouver mis à l’honneur dans une telle commission », s’interrogent les syndicats. Didier Lombard ne devraient-ils pas se tenir « en retrait des affaires publiques ? »

Cette nomination « au sein d’un organe dépendant directement de l’Élysée et censé préparer le futur industriel de la France » leur apparaît « comme une nouvelle tache à la ‘République irréprochable’ », promue par le chef de l’État.

En juillet 2012, l’ancien dirigeant de France Télécom-Orange, alors âgé de 70 ans, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête relative aux suicides d’employés du groupe entre 2008 et 2009.

La commission Innovation, en bref

Présidée par Anne Lauvergeon, qui fut présidente du directoire d’Areva de 2001 à 2011, la commission Innovation 2030 est composé de 20 membres. En plus de sa présidente et de Didier Lombard, ont été nommées les personnalités suivantes du monde industriel et scientifique ou de la société civile :

Philippe Aghion ; Jacques Biot ; François Bourdoncle ; Jean-Louis Caffier ; Alain Demarolle ; Nicolas Dufourcq ; Mercedes Erra ; Mathias Fink ; Louis Gallois (auteur du rapport sur la compétitivité) ; Claudie Haigneré ; Jean-Claude Lehmann ; Thierry Mandon ; Jean Pisani-Ferry ; Pierre Prieux ; Alain Rousset ; José-Alain Sahel ; Michel Serres et Henri Verdier.

La commission ainsi constituée doit déterminer les secteurs et technologies dans lesquels « la France est susceptible d’occuper des positions de leader à l’horizon 2030 » et proposer ses conclusions au gouvernement de Jean-Marc Ayrault, d’ici l’été 2013. Seront privilégiées et potentiellement soutenues par l’État, les activités « qui créeront la plus grande valeur et le plus d’emplois » sur le territoire français.

Pour chaque projet industriel sélectionné, un concours d’innovation sera ouvert aux entreprises, des jeunes pousses aux grands groupes. Dans ce cadre, entre cinq et dix lauréats se partageront 150 millions d’euros issus du programme Investissements d’avenir et gérés par la Banque publique d’investissement (BPI), des financements privés devraient prendre le relais pour assurer le développement des « champions de demain ».

La commission innovation 2030 vient compléter l’arsenal dont s’est doté l’exécutif français – pacte de compétitivité, stratégie très haut débit ou encore Conseil national du numérique (CNN)… – pour tenter d’insuffler une nouvelle dynamique à l’économie française.


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