Compuware dénonce sa notation par Moody’s

La plainte de Compuware contre Moody’s met en relief le malaise que peuvent engendrer les agences de notation financière.

Les agences de notation font la pluie et le beau temps sur toutes les places boursières. Un abaissement de la note par-ci, et c’est un titre qui s’effondre; une revalorisation par-là, et le titre remonte. Mais parfois, la logique de notation échappe aux entreprises et aux observateurs, ainsi que l’aveuglement ou l’entêtement à maintenir certaines notes. A titre d’exemple, flagrant, les investisseurs américains n’ont pas pardonné aux agences le maintien de leur notation sur Enron, alors qu’éclatait la crise financière de la société, et qu’étaient évoquées les malversations. L’éditeur de logiciel Compuware a vu sa valorisation boursière chuter de 16% en août 2002, après que Moody’s a abaissé sa note au rang de « junk ». Estimant qu’une telle notation, qui classe un titre comme à haut risque, voire comme « pourri », n’était pas justifiée, l’éditeur poursuit l’agence, et dépose une plainte pour diffamation. Il faut noter que les sociétés, à l’exemple de Compuware avec Moody’s, rémunèrent les agences pour le calcul de leur notation, et sont donc clientes de ces services qui leurs sont généralement imposés par leurs partenaires financiers. Compuware accuse Moody’s de « déclarations fausses et diffamatoires [?] sans justification« .La démarche va très loin, puisque l’éditeur demande le remboursement des sommes versées à Moody’s, 245.000 dollars, et des dommages et intérêts pour « rupture de contrat, escroquerie et violation de la réglementation sur les valeurs mobilières ». L’influence des agences de notation financière sur la Bourse est immense. Sans doute trop, en l’absence de la réalité de terrain, de l’outil de production, du marché, et sans la moindre considération sociale. Leurs critères de notation sont souvent opaques, et presque exclusivement orientés finances, logiquement, car ces derniers se fondent essentiellement sur l’évaluation du risque bancaire. Une partie des fortes variations de cotation enregistrées ces dernières années, justifiées ou non, prend sa source dans la fluctuation des notations des agences. Affaire à suivre!