Contrôle de l’Internet: les Etats-Unis prêts à lâcher du lest ?

Le 30 septembre prochain, l’accord entre le gouvernement américain et l’Icann touchera à sa fin

L’Icann, l’Internet Corporation For Assigned Names and Numbers, est depuis de nombreux mois sur la sellette. Cet organisme international créé en 1998, par le vice-président américain Al Gore est chargé de l’attribution de 259 noms de domaine et des adresses IP. En clair, c’est cet organisme, américain, qui gère et contrôle Internet. Officiellement indépendant, il entretien des liens très étroits avec le Département du Commerce des USA.

Surtout, il autorise les modifications apportées au registre de ces suffixes appelé communément « root zone file » (serveurs racines), qui permet la correspondance entre les noms de domaines et les adresses numériques.

Les points de désaccord tournent autour de cette liste stockée dans des milliers de serveurs de noms de domaines autour du globe.

Surtout après que le département américain du Commerce a déclaré en juillet dernier qu’il comptait « conserver son rôle historique quant à l’autorisation des changements et modifications du root zone file ».

Pour le reste du monde, cette gouvernance de l’Icann est considérée comme une mainmise des États-Unis sur le système qui régit le trafic du réseau mondial.

Les États-Unis ont toujours estimé qu’une réforme de l’Icann freinerait le rythme des innovations du réseau, opposant les entreprises à une bureaucratie pesante à l’heure d’introduire de nouveaux services, comme la téléphonie via internet. « Ce serait comme avoir plus de cent conducteurs pour un seul bus. À l’heure actuelle, nous avons un seul conducteur et jusqu’ici, il a fait du bon boulot », a déclaré le vice-secrétaire au Commerce Michael Gallagher.

De son côté, la Commission européenne crie à la faute, accusant Washington de changer les règles du jeu et de chercher à obtenir un contrôle permanent sur le web. Bruxelles souhaiterait que le département du Commerce n’intervienne plus en fin de processus décisionnel.

Aujourd’hui, la situation semble évoluer. En effet, le 30 septembre prochain, l’accord passé entre l’Icann et le gouvernement américain touchera à sa fin.

Le Département du Commerce, par la voix du secrétaire délégué chargé des communications et de l’information, John Kneuer, a indiqué le 26 juillet dernier vouloir céder une partie du contrôle qu’il exerce sur Internet. En clair, privatiser une partie de ce contrôle, voire de l’internationaliser.

Mais sans donner plus de détails… Les pouvoirs de l’Icann seront-ils enfin transférés à un organisme véritablement indépendant ? Et quand ? Les serveurs racines seront-ils inclus dans ce transfert ? Pour le moment, on n’en sait rien.