Coronavirus : comment les ESN font face à la crise

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En première ligne pour suppléer des équipes IT confinées, les ESN doivent gérer une relation client complexe, entre le manque d’interlocuteurs et un gel des projets qui s’accélère au fil des jours.

Dans l’œil du cyclone de la crise économique provoquée par le coronavirus Covid-19, les entreprises de services du numérique (ESN) ont dû s’adapter à différentes situations. 

Silicon en a interrogé plusieurs qui ont accepté de répondre sans être citées.

Depuis le début du confinement, leur mission s’inscrit dans un cadre particulier : le déficit d’interlocuteurs chez les clients. « On maintient l’ensemble de nos équipes mobilisées sans savoir comment les clients vont nous solliciter », nous a expliqué un dirigeant. 

Avec les mesures de chômage partiel qui se sont accélérées au fil des jours, il suffit parfois que manque une « personne-clé » pour remettre en cause un projet, alors même qu’aucun problème ne se pose sur la technologie et les modes opératoires.

Accéder aux données : la priorité

Logiquement, une des demandes les plus urgentes des entreprises est le renforcement de l’accès aux données depuis l’extérieur et leur sécurisation. Ce avec du chiffrement et un renforcement de la gestion des autorisations. Elles auraient quasiment doublé depuis le début des mesures de confinement. Ce besoin d’un surcroît de performance entraîne une accélération de la transition vers des solutions à base de mémoire flash.

Autre demande massive :  la maintenance des datacenters. Les services informatiques étant amenés à quitter au moins en partie l’entreprise, une vigilance accrue s’impose pour assurer la résilience.

Au-delà des considérations opérationnelles, les craintes sur la trésorerie favorisent la compression des coûts. Conséquence : on gèle des projets, on les diffère dans la mesure du possible, on arrête les appels d’offres et on se concentre sur l’existant,

Navigation à vue

Dans cette situation et face à l’incertitude sur l’horizon de reprise, des ESN elles-mêmes optent pour le chômage partiel. Toutes celles que nous avons pu interroger ont mis en place une cellule de crise.

Dans un cas, l’entité a piloté, à partir de début mars, une revue des projets en cours chez les clients. Avec un objectif : identifier, sur chacun d’entre eux, les tâches qui pouvaient être effectuées en télétravail. Et prioriser les autres tant qu’il serait possible de faire du présentiel.

La mise au chômage peut refléter la réalité d’une activité difficile, sinon impossible à assurer à distance. Cependant, elle est parfois dû aux demandes des clients. Une ESN rapporte, à ce propos, avoir fait face à certains qui n’étaient « pas en confiance sur le fait d’avoir des équipes en télétravail ».

De rares embellies sont constatées, par exemple dans le secteur public, sur des projets en lien direct avec le coronavirus. Mais l’atmosphère générale est empreinte de pessimisme, face à un phénomène d’une ampleur sans précédent. « C’est au moins l’occasion de mettre en œuvre un plan de continuité d’activité qu’on n’avait jamais appliqué jusqu’alors », ironise un dirigeant.

Hier, Syntec Numérique (le syndicat professionnel des ESN) a lancé un appel pour un respect de la loyauté dans les relations commerciales entre les prestataires IT et les entreprises. Un appel cosigné par le Cigref qui représente les plus gros donneurs d’ordre du marché, grandes entreprises et administrations publiques.

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Photo d’illustration © Indypendenz – Shutterstock.com