Croissance du logiciel et des services : le Syntec numérique s’emballe

A l’heure où la technologie suscite des inquiétudes outre-Atlantique, le Syntec Numérique relève ses prévisions de croissance du marché des logiciels et services pour 2016. Pour le syndicat professionnel, tous les voyants ou presque sont au vert.

C’est un Guy Mamou-Mani (en photo ci-dessus) franchement enthousiaste qui a tenu sa dernière conférence semestrielle sur la conjoncture du secteur du numérique en France. Le président de Syntec Numérique, dont le mandat arrive à échéance en juin prochain, tire sa révérence alors que les SSII (ou ESN selon la nouvelle terminologie du syndicat patronal), les éditeurs de logiciels et les sociétés de conseil en technologies devraient connaître une année faste. L’organisation prévoit en effet 2,6 % de croissance pour le secteur en 2016, 0,2 point de mieux que les prévisions publiées en novembre dernier.

syntec_infographie_avril2016L’embellie provient avant tout du conseil en technologies, qui devrait progresser de 2 % au cours de l’année, alors qu’en fin d’année dernière Syntec Numérique prévoyait encore une croissance limitée à 1,2 % sur 2016. Comme l’explique Pascal Brier, vice-président de Syntec Numérique, cette amélioration plus que notable résulte du redémarrage des investissements dans l’industrie, en particulier dans l’aéronautique ou dans l’automobile. Amélioration d’ailleurs sensible dès 2015, puisque le conseil en technologies a finalement connu l’année dernière une croissance de 1,6 % – bien plus que les prévisions initiales, qui misait sur une stabilité de l’activité -, contre un recul de 1,5 % en 2014.

Mais le conseil et les services – qui pèsent plus de 60 % d’un secteur générant 50,6 milliards d’euros de CA – devraient eux aussi connaître une année faste, avec une croissance anticipée de 2,5 %, contre 2 % en 2015. L’intégration et le conseil mènent la danse, tandis que la formation/support et l’infogérance d’infrastructures – fortement remise en cause par le Cloud – sont davantage à la peine. « Toute la croissance provient de la transformation numérique des entreprises, précise Guy Mamou-Mani. La partie historique des activités de services voit elle aussi ses volumes augmenter, mais, sous la pression des achats, de l’offshore et du Cloud, le chiffre d’affaires est stable. »

Optimisme chez les patrons

En 2016, ce que le Syntec Numérique regroupe sous l’acronyme Smacs – social, mobile, analytique, Cloud et sécurité – devrait connaître une croissance de 18,2 %, et peser au total 6,8 milliards d’euros. « Et nous n’en sommes qu’au début de la transformation numérique. Je garantis un taux de croissance similaire pour ces activités pour les 5 à 10 ans qui viennent », dit Guy Mamou-Mani. Déjà très en vue en 2015 (+ 3,4 %), le logiciel devrait de son côté poursuivre sa marche en avant, avec une croissance attendue de 3,6 % cette année.

Syntec indicateurAu-delà de ces chiffres bruts, l’optimisme de Syntec Numérique trouve son origine dans l’opinion de ses adhérents, éditeurs ou sociétés de services. 49 % d’entre eux estiment que le niveau des appels d’offres et leurs carnets de commandes s’améliorent ; un niveau inconnu depuis 3 ans. Et ils ne sont que 9 % à affirmer au contraire que la situation se dégrade. L’indicateur de confiance que Syntec Numérique suit chaque semestre avec le cabinet IDC, et qui matérialise l’opinion que les décideurs du secteur se font de la conjoncture, atteint d’ailleurs le score de 122. Il faut remonter à mars 2011 ou à mars 2008 pour retrouver un tel niveau. Un optimisme logique puisque les DSI semblent disposer de nouvelles marges de manœuvres. 80 % d’entre eux anticipent une hausse ou une stabilisation de la dépense IT en 2016 selon IDC ; ils n’étaient que 67 % dans ce cas il y a un an. Notons toutefois que les PME et TPE du numérique, regroupées dans le syndicat professionnel Cinov-IT, se montrent un peu moins enthousiastes : au second semestre 2015, 60 % d’entre elles affirmaient continuer à subir les effets de la crise. Pour elles aussi, les perspectives semblent toutefois s’améliorer, puisqu’elles ne sont que 16 % à juger mauvaises leurs perspectives pour 2016 et 2017.

Le numérique au cœur de la présidentielle ?

« Malgré tout, la France reste à la traine des autres grands pays industrialisés en matière d’investissement IT. Or nos métiers sont un levier de compétitivité pour l’économie dans son ensemble », estime Christian Poyau, le Pdg de Micropole et administrateur de Syntec Numérique. Selon IDC, le marché des logiciels et services devrait croître de 4,4 % en 2016 dans le monde (3,2 % en Europe de l’Ouest).

Malgré le rebond très net de l’activité par rapport aux niveaux de 2012 et 2013, l’Hexagone resterait donc en retrait de ses concurrents à l’international. Un sujet que Syntec Numérique entend amener au cœur de la campagne présidentielle, qui s’annonce, même si le syndicat professionnel n’a guère rencontré de succès dans sa campagne de sensibilisation des nouveaux présidents de région. L’organisation pourra jouer sur la corde sensible de l’emploi. Employant 412 000 personnes, le secteur a créé 12 000 emplois nets en 2014, un cru pourtant médiocre pour le numérique. « On crée de l’emploi depuis 22 trimestres consécutifs », assure Godefroy de Bentzmann, le vice-président de Syntec Numérique et candidat à la succession de Guy Mamou-Mani. Et près de 94 % des salariés y bénéficient d’un CDI.

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