Cybercriminalité : la contre-attaque française arrive

L’Hexagone va connaître une accélération de la lutte contre le cybercrime. Devant la recrudescence du nombre du vol d’identité (phishing), du piratage, des codes malicieux et d’autres fraudes électroniques, le gouvernement a bien l’intention d’agir. Le ministre de l’Intérieur semble enfin avoir « changé de braquet » . Suffisant?

La lutte contre ces fléaux modernes est l’un des six chantiers prioritaires lancés par le gouvernement pour ancrer dans la durée l’amélioration de la sécurité des Français. Trois grands axes se sont dégagés parmi les objectifs définis par le ministre de l’Intérieur, Dominique de Villepin : la lutte contre le « phishing », celle contre le piratage et enfin la lutte contre les atteintes au réseau, à l’origine de l’espionnage industriel.

À l’occasion de la remise au ministre du rapport sur la lutte contre la cybercriminalité; Dominique de Villepin, accompagné de Thierry Breton ministre de l’Économie et des Finances, a indiqué, sur la base des propositions qui lui ont été faites, les mesures principales qu’il a retenues pour lutter contre la cybercriminalité. Le renforcement des effectifs Le renforcement des effectifs spécialisés, concerne tout d’abord l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC). Ce service de police judiciaire, au centre du dispositif, est le point de contact national en matière de lutte contre la cybercriminalité. Composé actuellement de 32 fonctionnaires de police et de 3 militaires de la gendarmerie, cet office central de police judiciaire verra son effectif doubler d’ici à 2008, avec une participation plus importante de la gendarmerie. Notons la création en son sein d’un pôle unique de signalement, composé de manière paritaire de policiers et de gendarmes. S’ajoute à cette mesure, le doublement du nombre des enquêteurs spécialisés. L’objectif du gouvernement étant de disposer de 310 enquêteurs hautement spécialisés d’ici à 2007. Les capacités d’investigation des services et unités spécialisées seront également accrues. Cette mesure concerne également les services spécialisés de la DST (Direction de la Surveillance du Territoire) et la DNRAPB. Les groupes d’enquêteurs spécialisés en criminalité informatique au sein de chaque direction régionale et interrégionale de la police judiciaire seront dotés en personnels supplémentaires. De son côté, la gendarmerie renforcera par une vingtaine de spécialistes ses services dédiés à la lutte contre la cybercriminalité au sein de l’Institut de recherche criminelle et du Service technique de recherche judiciaire et de documentation. Les sections de recherche de gendarmerie verront également augmenter leur nombre d’enquêteurs spécialisés, certaines d’entre elles ayant un rôle plus marqué dans la lutte contre la cybercriminalité. Par ailleurs, des moyens particuliers d’investigation seront autorisés pour constater « en temps réel » les infractions. Les officiers ou agents de police judiciaire habilités « pourront participer sous un nom d’emprunt aux échanges électroniques, sans être pénalement responsables de ces actes », a précisé le ministre. Le ministre de l’Intérieur proposera aussi la création d’une infraction spécifique « relative aux propositions sexuelles adressées à des mineurs par internet ou par SMS ». « Il sera ainsi possible de sanctionner les personnes qui font des propositions sexuelles à des mineurs ou à des personnes se faisant passer pour des mineurs ». Bien mais peut mieux faire Malgré ce renforcement des effectifs chargés de la lutte contre la cybercriminalité, il y a de quoi rester sceptique. Car l’on ne combat pas le cybercrime à grands coups de flashball, bien au contraire, la riposte doit être plus subtile et l’utilisation de pirates à la solde de l’État aurait été un moyen vraiment innovant. Car l’avantage principal des hackers sur la police c’est bien entendu la prime à l’innovation, et dans ce domaine le gouvernement ne précise pas ce qu’il compte faire. De toute façon, on voit mal comment il pourrait gagner cette course contre des groupes mafieux très organisés. Plutôt que de « changer de braquet » il faudrait mieux changer de machine. La cybercriminalité en baisse. Vraiment?

Le nombre de délits liés à la cybercriminalité aurait baissé de 8,77% en 2004 par rapport à 2003, avec 59.964 faits enregistrés contre 65.221. Les infractions concernant le racisme et l’antisémitisme ont connu toutefois une forte hausse (+113%), selon les statistiques de police et de gendarmerie. Sur les 59.964 faits enregistrés en 2004 par l’Office, les plus nombreux (49.914, soit 83,24% de l’ensemble), concernent la falsification et l’usage de cartes de crédits, en diminution de 0,45% par rapport à 2003. Viennent ensuite 8.470 escroqueries par utilisation de numéro de cartes bancaires (14,13% de l’ensemble), en diminution de 30,65%. Toutefois, ces statistiques établies par l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC) ne

« sont pas exhaustives », reconnaît l’Office.