Damien Clochard (Dalibo) : « PostgreSQL reste le secret le mieux gardé de l’open source »

PostgreSQL continue son évolution rapide, techniquement, mais aussi médiatiquement. Entretien avec Damien Clochard, directeur des opérations et cofondateur de la société Dalibo.

Récemment, le PostgreSQL Global Development Group a levé le voile sur une série de mises à jour de son outil de gestion des bases de données. Il indiquait également que PostgreSQL 8.2.23 serait la dernière mouture de la branche 8.2. Damien Clochard, directeur des opérations et cofondateur de la société Dalibo (un spécialiste français de PostgreSQL), nous alerte aujourd’hui sur l’importance de cette annonce.

« La 8.2 a été une porte d’entrée pour beaucoup d’utilisateurs PostgreSQL, car c’était une des premières moutures de cette offre qui soit stable, performante et fonctionnelle. 20 % à 25 % des utilisateurs ont commencé avec cette version. Il est difficile de savoir quelle proportion du parc tourne encore sous la 8.2; probablement 20 %. »

« PostgreSQL 8.2 reste fonctionnel, même s’il ne recevra plus de correctifs de sécurité. Il n’y a pas de danger immédiat, mais il est nécessaire de mettre en place un plan de mise à jour. De fait, une marche existe entre la 8.2 et les versions suivantes. Il n’a pas de points bloquants, mais des changements pouvant créer des régressions. Dans certains cas, il faudra prévoir la réécriture de certaines requêtes, de procédures stockées ou même d’applications. »

Un changement finalement positif

« Il faut également voir le bon côté des choses : il y a énormément d’avantages à migrer vers la version 9.1 de cette offre. Pendant ces six dernières années, PostgreSQL a fait des pas de géant par rapport aux autres SGBD du marché. C’est un vrai changement d’ère : réplication des données intégrée, fonctions de fenêtrage, système d’extensions, présence de tables non journalisées, administration simplifiée, etc. Certes, il faut que les utilisateurs abandonnent PostgreSQL 8.2, mais c’est en fait plutôt une très bonne chose. »

« Notez que nous pouvons accompagner cette transition, via un pilotage de A à Z, ou en intervenant à certaines étapes : audit, mise à jour, test, mise en production, support, formation… »

PostgreSQL, un projet qui reste discret

Malgré ses qualités, le projet PostgreSQL reste moins connu que certaines offres, comme MySQL. « Ce projet est dirigé par une communauté et non par un éditeur central, comme sur MySQL. Ce projet est très efficace sur le plan technique, mais il n’y a pas de réelle coordination en terme de communication. Comparé à la puissance de feu d’oracle, il n’y pas de comparaison possible. »

« La légende veut que PostgreSQL soit le secret le mieux gardé de l’open source. Le projet et ses spécificités sont en effet peu mis en avant, malgré les 25 ans d’existence de ce produit, dont 15 en tant que projet open source. PostgreSQL est utilisé par nombre de grands comptes. Ces derniers restent toutefois réticents à l’idée de témoigner. Petit à petit, les choses changent, avec les témoignages d’acteurs comme Météo France, Orange, la CAF et, plus récemment, Leboncoin.fr. »

Une ouverture vers un public plus large

« Dalibo existe depuis 2005. Nous sommes très actifs en tant que membre de la communauté. Toutefois, nous cherchons depuis un an à toucher un public plus large. Nos sessions PostgreSQL bimestrielles s’inscrivent dans cette démarche. Ces conférences sont ouvertes à tous et gratuites. La prochaine se déroulera le 2 février 2011 et aura pour thème la réplication. » Plus de détails sur cette rencontre gratuite se trouvent sur cette page web.

Crédit photo : © Dalibo