Data analytics : le marché des services se standardise par voie logicielle

data analytics Magic Quadrant 2022

Le Magic Quadrant 2022 des fournisseurs de services de data analytics dénote une forme de standardisation de l’offre. Qu’en est-il ?

Ne parlez plus de logiciels, ni de services, mais d’actifs (assets) ? Gartner met cette tendance en avant dans son dernier Quadrant du data analytics. Sous l’étiquette « servware », il explique comment le deux premiers convergent sous la forme de briques plus ou moins standardisées, vendues telles quelles ou intégrées aux prestations de conseil et d’intégration.

Sous la bannière data analytics, le cabinet américain prend en considération ces prestations de conseil et d’intégration… associées à des services managés (gestion opérationnelle). Principalement sur les composantes suivantes : gestion de la data (infrastructures, applications, best practices), BI/analytics, DSML (data science & machine learning), gouvernance, gestion de programmes (allocation des ressources) et gestion des métadonnées.

Estimé à 142 milliards de dollars en 2021, le marché est très fragmenté. Il compte en l’occurrence « des milliers » d’offreurs. Gartner s’intéresse ici au « haut du panier » ; aux acteurs « transversaux » capables de gérer une stratégie data analytics à grande échelle. Ses critères d’évaluation sont principalement d’ordre fonctionnel, géographique et business (clientèle, revenus).

Atos et Capgemini au Quadrant data analytics

Les fournisseurs classés au Quadrant se positionnent sur deux axes. L’un prospectif (« vision »), centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit…). L’autre centré sur la capacité à répondre effectivement à la demande (« exécution » : expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services…).

Sur l’axe « vision », les fournisseurs se placent dans cet ordre :

  Fournisseur Date de création
1 Accenture 1989
2 EY 1989
3 Deloitte 1845
4 KPMG 1987
5 Capgemini 1967
6 TCS 1947
7 IBM 1911
8 Infosys 1981
9 PwC 1998
10 Cognizant 1994
11 Atos 1997
12 Wipro 2002
13 Tech Mahindra 1988
14 NTT DATA 1988
15 Genpact 1997
16 DXC Technology 2017
17 EPAM 1993
18 HCL Technologies 1999

 

Sur l’axe « exécution » :

  Fournisseur
1 Accenture
2 Deloitte
3 EY
4 IBM
5 PwC
6 KPMG
7 TCS
8 Infosys
9 Wipro
10 Capgemini
11 Cognizant
12 NTT DATA
13 HCL
14 Genpact
15 Atos
16 Tech Mahindra
17 DXC
18 EPAM

Qui est à la mode « servware » ?

Sur le volet servware, Gartner attribue des bons points à :

– DXC, notamment pour sa bibliothèque d’outils MLOps
– KPMG pour ses plates-formes Ignite (IA) et Sofy Suite (low code)
– PwC entre autres pour son catalogue de jeux de données
– Wipro pour ses plates-formes HOLMES (automatisation), Data Science Accelerator (gestion de modèles) et Smart i-Connect (IoT)

Accenture et Deloitte, les deux têtes de pont du Quadrant, ont aussi droit à un avis favorable – quoique moins affirmé – sur le côté servware.
De façon plus générale, le premier se distingue sur ses capacités de delivery, son portefeuille de solutions IA et l’ampleur de ses investissements (M&A, R&D, compétences). Il aurait toutefois à gagner, d’après Gartner, sur la méthodologie projet et l’harmonisation des compétences.
Le second a aussi pour lui un vaste portefeuille IA, avec plusieurs solutions spécialisées (fiscalité, audit, risque…). Ainsi qu’un catalogue de partenariats propices à l’innovation et un modèle économique flexible. Il gagnerait, en revanche, à améliorer sa documentation et son partage d’information.

Pricing et gestion des talents : des pistes d’amélioration

Accenture, comme Deloitte, est dans le haut de la fourchette en termes de pricing. Ils ne sont pas les seuls crédités d’un mauvais point en la matière :

– DXC : manque de flexibilité, en particulier pour la tarification sur objectifs
– EY : plus cher que beaucoup de concurrents ; en particulier parce que l’onshore se paye
– IBM : parmi les plus cher et une tarification qui reste complexe, même si elle s’est ouverte au partage du risque et aux contrats sur objectifs
– NTT DATA : perçu comme onéreux, surtout lors des phases d’appels d’offres
– PwC : prix élevé et contractualisation à améliorer

Plusieurs fournisseurs se distinguent pour leur expertise sectorielle. Parmi eux, Tech Mahindra (Gartner salue son organisation sur cinq verticales), Cognizant (« capable de couvrir des usages très spécifiques ») et PwC (« plus de 650 solutions couvrant plus de 5000 cas d’usage »).

Autre point de distinction pour plusieurs offreurs : leur pool de talents. Pour certains, il y a à la fois des aspects positifs et négatifs. DXC, par exemple, donne rapidement accès à ses ressources, mais doit les adapter à une acquisition (celle de Luxoft). Wipro bénéficie d’un avis plus favorable sur le recrutement et le reskilling que sur la mise à disposition des effectifs. Chez HCL, c’est l’expertise en transformation business qui pêche. Dans le même ordre d’idée, Genpact gagnerait, explique Gartner, à renforcer ses compétences non techniques (gestion du changement, gouvernance, aide à la décision…). Du côté d’Infosys et de Tech Mahindra, la proportion d’effectifs offshore est importante ; à prendre en compte pour le delivery.

Photo d’illustration © Sergey Nivens – Shutterstock