Datacenters : fusions et acquisitions pour la conquête de l’Europe

Telecity et Interxion veulent fusionner. Mais l’Américain Equinix contre-attaque avec un projet de rachat du premier, remettant en question la fusion programmée. En jeu : la suprématie sur les datacenters en Europe

Contraintes réglementaires, forte demande pour des datacenters de haute qualité, problématique de latence et éléments différenciant comme la connectivité, les services, la maîtrise de la consommation énergétique. Tous les éléments sont réunis pour que le marché du datacenter soit en pleine ébullition selon le cabinet d’études Research 421. Acquisitions, fusions, le secteur tend à se consolider et le paysage du datacenter dans certaines régions à se redessiner.

C’est le cas de l’Europe avec la bataille autour de Telecity Group. En effet, le 11 février dernier, l’acteur britannique avait signé un accord pour racheter Interxion Holding. Le coût de cette fusion est évalué à 1,9 milliard d’euros. Dans un communiqué, les deux opérateurs estiment les synergies liées à l’opération à environ 800 millions d’euros. Notamment sur les achats, la technologie, le commercial, les éléments financiers (taxes, impôt), etc.

Oui mais voilà, un autre acteur s’est invité à la noce : Equinix. La semaine dernière, Reuters expliquait que la société américaine était entrée en discussion pour racheter Telecity Group pour 3,1 milliards d’euros. Et cette acquisition remettrait en cause les négociations de rapprochement entre Telecity et Interxion. Il est vrai que la fusion de ces deux acteurs évincerait Equinix de la première place en Europe. Selon le cabinet Synergy Research Group, l’entité TelecityGroup enrichie d’Interxion serait première sur les marchés anglais et hollandais, numéro deux en Espagne et Suisse et en troisième position en France et outre-Rhin. Les datacenters du nouvel ensemble opèrent également en Suède, Irlande, Autriche, Belgique, Danemark, Italie et Finlande où ils s’arrogeraient plus de 30% des parts de marché.

A l’assaut de la conquête de l’Europe

Cette lutte à coup de milliards d’euros a donc bien comme objectif la conquête du territoire européen. Research 421 estime qu’il y a aujourd’hui 27 millions de m² d’espace opérationnel dans les datacenters en Europe. Equinix en revendique 5,3 %, Telecity Group 3,7 % et Interxion 3,1 %. Le regroupement Equinix/Telecity disposerait de 9 % de la surface opérationnelle contre 7 % pour l’entité Telecity/Interxion. Le territoire européen représente 42 % de l’ensemble des datacenters (3 796) référencés par le cabinet d’analyse.

Mais, la zone Europe est aussi marquée par d’autres accords, plus petits mais ayant un impact non négligeable. Le cabinet de conseil cite l’exemple du rachat de l’hébergeur allemand e-Shelter par NTT. Ce dernier étoffe ainsi sa capacité de salles informatiques à Francfort, Vienne, Zurich et Berlin. Pour Research 421, il faut s’attendre à d’autres opérations dans les villes émergentes comme Vienne, Stockholm, Madrid et Milan. Car aujourd’hui, la zone Europe est majoritairement couverte par des acteurs locaux qui n’ont ni la taille et ni la capacité à dégager les économies d’échelles des grands acteurs cités précédemment. Dans tous les cas, Research 421 estime que les hostilités ne font que commencer.

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