David Goulden, EMC : « l’alliance avec Cisco n’est pas menacée par l’accord avec Dell »

Le Pdg de la branche infrastructure d’EMC, David Goulden, répond pour Silicon.fr aux conséquences du rachat éventuel du leader du stockage par Dell et détaille les bouleversements qu’amène la Flash dans ses gammes.

Silicon.fr : Les offres convergées de type VCE dynamisent le secteur du stockage et à votre chiffre d’affaires. Or, Dell propose des serveurs rack et lame. De quoi revoir vos accords avec Cisco ?

David Goulden, EMC
David Goulden, EMC

David Goulden : Les infrastructures convergées ont effectivement apporté un grand changement sur notre marché, et fortement aussi sur le stockage de type rack.

Évidemment, nos systèmes rack devraient rapidement intégrer les technologies Dell. Et cela concernera également les appliances. En revanche, pour le stockage de type VBlock et ce type d’approche, les accords avec Cisco UCS restent à l’ordre du jour, et cette combinaison fonctionne très bien aujourd’hui. D’ailleurs, VBlock a été conçu pour UCS, avec la possibilité de différentes configurations, de maintenance, etc. Bref c’est un système complet, pour lequel l’alliance entre Cisco, EMC et VMware s’inscrit dans le long terme.

Les solutions convergées se multiplient pour adresser le stockage primaire. C’est justement la raison pour laquelle EMC, VMware et Cisco ont créé et VCE et les VBlocks. Et justement, toutes nos technologies All-Flash (VMax, VNX ou XTremIO) peuvent être intégrées à ces blocs pour décupler leurs performances.

Vous prédisez que 2016 sera l’année du stockage 100 % Flash. Au détriment de vos autres solutions ?

D.G. : Aujourd’hui, les baies de stockage All-Flash sont présentes dans une grande partie de notre portfolio, qui a vocation à s’élargir. Pour faire simple : on peut adresser les applications existantes avec les gammes XtremIO et VMax All-Flash, et la sauvegarde traditionnelle avec des équipements à base de disques durs. Par ailleurs, EMC adresse les nouvelles applications ou celles nécessitant de très hautes performances brutes avec DSSD. En outre, Isilon couvre des besoins très évolutifs et flexibles de type scale-out basés sur des technologies software-defined.

Peut-on imaginer que le Flash s’impose au-delà du stockage primaire?

D.G. : Le stockage secondaire (backup, copies, etc.) représente un très large marché pour le disque dur, qui reste le support meilleur marché pour cet usage. Certes, le coût du Flash devient aujourd’hui intéressant pour du stockage à haute performance au service des applications en production, comparé au coût des disques durs 15K (15 000 tours/minute, NDLR). Néanmoins, pour le reste, des disques de 6 To sont toujours bien moins chers, jusqu’à 10 fois moins. Malgré les coûts de plus en plus attractifs du Flash, les disques continuent à progresser en technologies et en capacité. Et il faudra attendre encore de très nombreuses années avant que tout le stockage soit réalisé sur des supports Flash.

Au milieu de toutes ces gammes de stockage, comment positionnez-vous votre rack DSSD (issu du rachat de la société éponyme en 2014) ?

D.G. : Le DSSD, directement connecté à plusieurs serveurs via des ports PCIe, ouvre une nouvelle catégorie d’équipements de stockage. Ce ne sont pas des baies de stockage réseau, ni uniquement des systèmes de stockage DAS (direct attached storage). C’est pourquoi nous appelons cette catégorie Rack Scale Flash. Pour des équipements destinés à du stockage hyper-rapide avec des éléments conçus pour des performances extrêmes.

Ce type de plates-formes propose une approche inédite et un nouveau système pour différents types d’applications, comme le Big Data, SAP Hana ou Oracle, y compris pour répondre à des problématiques de grosses migrations. Mais, c’est surtout une nouvelle plate-forme pour de nouvelles applications, que l’on peut positionner face à des offres de supercomputing. Le champ d’application des équipements DSSD reste un terrain à découvrir, nécessitant encore un peu de temps.

Le DSSD nécessitera l’acquisition de nouvelles compétences pour vos partenaires et votre écosystème…

D.G. : Ces nouveaux équipements bénéficient d’une gestion optimisée pour procurer un maximum de performances et un minimum de latence. En outre, des services de données évolués peuvent tout à fait être ajoutés en amont par d’autres solutions. Cette nouvelle approche nécessite effectivement de nouvelles compétences. Mais il en va de même avec toutes les spécialités : on ne conduit pas une Formule 1 comme un SUV.

VMAX_AllFlashQuels sont vos objectifs de parts de marché et/ou de remplacement pour les nouveaux VMax All-Flash ?

D.G. : Nous estimons que la majorité des nouveaux équipements VMax vendus d’ici la fin de l’année seront des versions All-Flash. La base installée nécessitant un amortissement sur encore deux ou trois ans au minimum, nous pensons que, dès 2020, tous nos clients seront équipés en modèles All-Flash.

L’une des particularités du VMax All Flash consiste à proposer la réplication en mode synchrone ou asynchrone grâce à notre logiciel SRDF/Metro. Cette version All-Flash affiche donc logiquement de meilleures performances, y compris pour la synchronisation. Enfin, même les technologies réseau accélèrent, et nous en profitons pleinement.

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