David Kadouch, Google:'Chrome est un environnement de travail'

Le navigateur ‘made in Mountain View’ est en ligne depuis ce mardi 20h. Quelles sont ses spécificités, quelles sont les ambitions du géant de la recherche ? Elements de réponse avec le product manager en charge du projet

Google a créé la sensation en cette rentrée avec la sortie surprise de Chrome, son navigateur Internet ‘open source’. Disponible depuis ce mardi soir en bêta en 43 langues, cette application illustre une nouvelle fois, les velléités du géant de la recherche dans le marché de l’applicatif.

Certes, Chrome est un navigateur mais pour Google il s’agit surtout d’une plate-forme pour applications. Son objectif : retenir l’utilisateur qui se servira de Chrome pour surfer mais aussi pour travailler à travers des applications SaaS (software as a service; hébergées ou en cloud-computing).

De là à penser que Chrome puisse ‘coiffer’ Windows, il n’y a qu’un pas, même si nous sommes encore très loin de ce tableau idylique pour l’adversaire numéro un de Redmond.

Qu’en est-il de la partie navigateur ?

L’ambition de Chrome est d’allier simplicité et efficacité, un postulat également mis en avant par Firefox dont pas mal d’éléments ont inspiré Chrome. « Nous voulons changer la manière d’utilisr le Web »,nous explique David Kadouch, product manager chez Google. « Le monde du Web est de plus en plus riche mais l’expérience est souvent frustrante, Chrome répond à cette frustration et est prêt aux développements futurs ».

Concrètement, Chrome est très épuré et léger (une installation sur le disque dur reste nécessaire). Il joue la carte de la stabilité. Principale innovation : les pages ouvertes dans les onglets sont indépendantes les unes des autres. « Un onglet affecté ne plante pas tous le navigateur grâce à une technologie multi-process. On peut alors fermer une page plantée sans avoir à rebooter le navigateur », explique David Kardouch.

Cette technologie permet également plus de rapidité, affirme Google. On peut également faire glisser très facilement un onglet vers une autre fenêtre.

Google a également mis l’accent sur l’ergonomie avec une ‘omnibox’ qui sert à la fois de moteur de recherche et de boîte pour taper une adresse url. Cette boîte donne également accès à l’historique. « La fonction recherche n’est pas limitée au moteur de Google. Tous les moteurs sont disponibles, Chrome est ouvert. », souligne le product manager. Concrètement, en tapant le mot ‘musée’ dans la boîte, Chrome propose des liens directs, des suggestions Google (ou autres), ou encore des pages déjà visitées. Il reste à vérifier si, dans l’usage, cette boîte unique ne prête pas à confusion.

Côté sécurité, Chrome met à jour des listes noires de sites de phishing et avertit l’utilisateur en cas de surf sur un site piégé. Par ailleurs, un mode de navigation privée permet de surfer sans laisser aucune trace.

Concernant les mises à jour du navigateur, cible numéro des exploitations de failles, Google reste néanmoins évasif. Pourra-t-il être réactif et livrer régulièrement des mises à jours critiques ? « C’est un défi pour nous, nous sommes en train de travailler sur ce sujet. Mais je ne peux vous donner la fréquences des mises à jour », concède David Kardouch.

Pour autant, la fonction navigateur n’est que la partie émergente de Chrome. D’ailleurs, l’application possède un gestionnaires des tâches (permettant de stopper des processus comme les onglets, les plug-ins ou les applications en ligne, comme celui de Windows) qui illustre bien la vision ‘multi-applications’ de Google.

« On considère que Chrome est une plate-forme de travail et d’utilisation d’applications Web existantes, comme celles de Google ou futures. On ne s’en cache pas, l’objectif est de retenir l’utilisateur dans cet environnement de travail et de loisirs et de répondre à tous ses besoins », souligne David Kardouch. Et reléguer Windows au rôle de couche inférieure, servant simplement à démarrer le PC ? Quant à une déclinaison pour le mobile (sous Android), elle n’est pas prévue pour le moment.

Le grand public est-il prêt pour cette vision complètement décentralisée de l’usage informatique ? « On n’y est peut être pas encore aujourd’hui mais les choses avancent vite, même si le local ne dispraîtra pas. On pense que lecloud computingsera porté par le grand public plus que par l’entreprise, rien que pour des questions de mobilité ».

Evidemment, dans ce nouveau paysage, Google règnerait en maître.

Mais le géant de la recherche reste réaliste et refuse par exemple d’évoquer des objectifs chiffrés. « Nous voulons accélérer l’innovation avec un produit ouvert »... Google tient surtout à bâtir un nouveau modèle économique. D’ailleurs, il n’est pas interdit de penser que la publicité pourra faire son apparition sur Chrome.« Ce n’est pas prévu pour le moment »répond Google.

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