Dell délesté de ses PC avant d’absorber EMC ?

Selon la presse américaine, le fonds d’investissement Silver Lake, co-actionnaire de Dell, souhaite vendre l’activité PC du groupe, en amont du rachat d’EMC. L’opération paraît toutefois difficile à boucler… faute d’acheteurs.

Le fonds d’investissement Silver Lake, associé depuis 2013 avec Michael Dell dans la reprise de la société du même nom, aurait approché la semaine dernière HP, Lenovo et Huawei pour leur proposer la reprise de l’activité PC du constructeur texan. C’est en tout cas ce qu’affirment nos confrères américains de Re/code, citant des sources anonymes. Le magazine en ligne précise ne pas savoir si la démarche de Silver Lake a été approuvée par Michael Dell ou même si ce dernier en est informé.

La vente de l’activité PC du groupe, qui, selon les estimations de Goldman Sachs, pèse près de la moitié du chiffre d’affaires total (soit 27 milliards de dollars), permettrait en tout cas de réunir de l’argent frais pour financer le rachat géant du groupe EMC, que Dell a confirmé hier. Et de sortir d’une activité en plein déclin. Au troisième trimestre, les ventes de PC ont reculé de plus de 10 % dans le monde, selon les cabinets IDC et Gartner. Si Dell échappe au carnage (-2,9 % selon IDC, +0,5 % selon Gartner), ce pan de son activité reste peu florissant. Débarrassé du PC, et renforcé d’EMC, le groupe Dell présenterait un profil homogène centré sur le datacenter (serveurs, stockage, virtualisation, Paas…).

Michael Dell reste attaché au PC

Principaux bémols à cette hypothèse : la revente de l’activité PC ne procurerait qu’une fraction de la somme à réunir pour financer le rachat d’EMC (pour rappel, 67 milliards de dollars). Sur la base des chiffres de Goldman Sachs et des opérations de ce type déjà effectuées, Re/code estime que l’opération ne procurerait guère plus de 8 milliards de dollars de cash à Dell. Par ailleurs, selon nos confrères, aucune des trois sociétés contactées par Silver Lake ne semble intéressée par l’opération. HP, en pleine opération de scission de ses activités, a décliné l’offre. Lenovo redoute la réaction des autorités antitrust américaines. Et Huawei ne souhaite pas entrer sur le marché du PC.

Rappelons que, dans ses déclarations publiques, Michael Dell semble très attaché à conserver une activité PC. En novembre 2014, lors de Dell World, le patron du groupe qu’il a fondé en 1984 avait raillé ses concurrents IBM et HP : « Ils éclatent leurs activités, se séparent de pans entiers de leur business. Et il faut se poser la question : pour qui sont décidées ces opérations ? Aident-elles les clients ? Aident-elles ces entreprises à créer le prochain produit innovant ? » Rappelons que HP va séparer ses activités en deux – plaçant ses PC et imprimantes dans une société séparée de celle réunissant les activités centrées sur l’entreprise -, et qu’IBM s’est délesté d’activités non rentables comme les serveurs x86 ou la fabrication de puces. Michael Dell avait également défendu le rôle central du PC dans la relation commerciale avec les entreprises : « C’est autour du PC que se signent les vraies affaires », avait-il affirmé.

A lire aussi :

Dell + EMC : naissance d’un géant des infrastructures face à HP
Dell planifie 125 milliards de dollars d’investissement en Chine

crédit photo © gyn9037 – shutterstock