Delphine Goujon (Easynet): «Les DSI oublient le réseau dans leurs projets cloud»

Pas de bon cloud sans bon réseau. Cette évidence mise en avant par le fournisseur de réseau administré Easynet est trop souvent négligée dans les projet cloud des DSI.

« De manière générale, les DSI ont désormais une bonne compréhension des promesses du cloud, constate Delphine Goujon, Global Head of Hosting Products chez Easynet, mais ils ont tendance à écarter le point d’attention sur la phase d’implémentation sur le réseau. » Une constatation faîte en discutant avec les clients et confirmée par l’étude commandée à Vanson Bourne et réalisée en Avril 2011 auprès de 800 directeurs des services informatiques au Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Benelux, Espagne et Suisse.

Il en ressort que si le concept du cloud computing est désormais bien assimilé par les entreprises, y compris dans les points les plus sensibles que sont la sécurité ou la virtualisation (au point que 49 % des DSI cherchent à accroître leurs investissements dans les solutions d’informatique déportée), « moins de 20 % des DSI prête leur attention sur l’aspect réseau même si 40 % en prennent conscience », souligne la responsable. Un point d’autant plus sensible que la qualité de livraison des applications dépendra de celle du réseau. Et de rappeler que « le réseau est moins flexible que l’infrastructure de calcul et qu’il convient de le penser en amont. » Une réflexion a mener d’autant plus tôt que les fournisseurs des différentes parties de la chaîne (réseau, hébergement…) sont souvent distincts (sauf en Angleterre où les entreprises tendent à s’adresser à un fournisseur unique).

Car seul un DSI sur 5 s’inquiète de savoir si le réseau de l’entreprise est suffisamment dimensionné pour faire fonctionner des applications à distance. D’ailleurs, une majorité, 57 %, considère que le passage au modèle du nuage ne nécessite aucun investissement supplémentaire dans le réseau. En France, ils sont à peine 25 % des responsables à positionner l’architecture réseau au coeur du projet de migration. Et pourtant, comme le souligne Eric Sèle de Ciena,pas de cloud sans débit. Qui plus est pour les applications critiques.

Si tant est que celles-ci basculent effectivement dans le cloud. Car après la phase d’approche et de familiarisation du concept, il reste celle de la mise en oeuvre. « On en est actuellement au stade du « comment on va faire », indique la responsable du fournisseur de service de réseau, d’hébergement et de téléprésence, principalement. 42 % des DSI doivent amener ces questions de cloud à leur bureau exécutif. Le cloud est stratégique pour innover plus vite, pour raccourcir les délais de livraison des projets informatiques. C’est aussi l’occasion pour les DSI de sortir de leur aspect technique. Mais le comité de direction ne l’a pas toujours compris. Le DSI doit se faire évangéliste pour entrer dans la phase d’adoption. De fait, les projets cloud ne sont pas les projets stratégiques mais de nouveaux projets. Les applications critiques sont rarement mises en oeuvre dans le cloud. »

Bref, si l’amélioration des coûts, la flexibilité apportée et le time to market sont des moteurs de basculement dans le nuage, ils se limitent aujourd’hui essentiellement aux nouveaux projets. « C’est plus compliqué pour les anciens projets, reconnaît Delphine Goujon en faisant référence à la difficulté de toucher ce qui est déjà en place tout en ajoutant que paradoxalement c’est plus simple car l’entreprise a déjà une bonne connaissance du projet. »

Easynet étude cloud
Les principaux moteurs d'adoption du cloud selon Easynet.

Projet qu’Easynet, présent tant sur le réseau (historiquement) que sur la partie hébergement managé pourra proposer. « Nous avons construit une offre de cloud privé d’entreprise où nous mettons l’accent sur la visibilité données aux clients (monitoring, utilisation des ressources, etc.) », indique la porte-parole d’Easynet. Dans les faits, les clients réseau ont tendance à rajouter des services de cloud, l’inverse est moins vrai. Souvent parce qu’il est très compliqué et long de changer d’opérateur, surtout s’il faut aménager le terrain pour des dizaines ou centaines d’agences ou filiales. « Nous réalisons notre croissance réseau sur la base des clients installés mais ce n’est pas la plus porteuse. » La croissance d’Easynet est principalement portée par les services d’hébergement et de service d’intégration de valeur ajoutée dont la téléprésence est le fer de lance. En 2010 (année fiscale 2009-2010), le groupe un réalisé un chiffre d’affaires de 260 millions d’euros.