Design ou petite leçon de leadership, par Nokia

Grande première pour Nokia: ouverture à la presse de son studio de ‘design’ londonien. Le géant veut montrer qu’il ne s’endort pas sur ses lauriers

Londres.- « On ne vous invitera pas tous les jours« . Ces quelques paroles, prononcées avec un zeste d’humour par Alistair Curtis, le designer en chef de Nokia, sont sans doute destinées à faire comprendre au journaliste l’insigne privilège que constitue une telle invitation.

Pour la visite de son nouveau centre de design de Londres, petits fours étaient de rigueur, servi par un personnel d’hôtellerie tout sourire, face à des designers dynamiques et disponibles, prêts à répondre à toutes les questions. Presque toutes…

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>>>> Petit aperçu des conditions de travail… (source : Nokia)

Dans des locaux flambants neufs, ouverts depuis octobre 2007, tout concourt à créer une ambiance de travail, détendue mais concentrée. La blancheur des murs et le décor assez dépouillé procurent, outre un joli cadre de travail, une invitation au travail. Après tout, Nokia a une réputation à tenir.

Pour son nouveau studio de design, le géant finlandais a conçu les choses en grand. Plusieusr dizaines de designers, de plus de trente nationalités, jusqu’ici éparpillés sur divers sites de Londres, ont été réunis dans le centre ville. En 2007, pas moins de 50 nouvelles recrues ont été sélectionnées pour renforcer l’effectif de la branche design.

Différentes disciplines sont représentées ici. Certains ingénieurs travaillent sur les matériaux, d’autres sur l’interface utilisateurs, d’autres encore sur les usages… Toutefois, la réflexion et l’inventivité d’une firme comme Nokia, bien plus étendues, ne se limitent pas à ces bureaux. Ainsi, Younghee Jung et Jan Chipcase travaillent tous deux dans la branche R&D. Très souvent sur le terrain, ces deux designers vedettes sont chargés avec d’autres, de décrypter les usages du mobile à travers le monde.

« Nous avons passé beaucoup de temps en Inde[cinq ans au total!], pour comprendre comment les gens utilisent nos produits », explique Jan Chipcase. Les designers ne se sont pas rendus qu’en Inde. Ils se sont également rendus en Ouganda, au Ghana, en Thaïlande mais également aux Etats-Unis et en Iran. Une partie de ces pays, émergents, constituent l’un des ressorts de croissance de la firme.

Pour donner un aperçu de ses activités, Nokia nous a dévoilé quelques éléments de sa méthode de travail. Pour innover, le constructeur ne s’intéresse pas seulement au design des terminaux de téléphonie mobile, mais également à celui des montres, des voitures, des stylos ou des boîtiers à lunettes… Tous ces objets peuvent contribuer à la conception d’un téléphone.

« A une certaine étape, 0,2 millimètre font la différence », explique l’animateur d’un atelier. Les ingénieurs dévoilent également une série de modèles tests, en plastique ou en cire, destinés à visualiser la probable future forme d’un mobile.

Pour toutes ces étapes, le travail chez Nokia se fait de manière collective et collaborative. Ce que confirme Remi Bourganel, un français de l’équipe, designer spécialisé dans l’interface utilisateur. « L’organisation chez Nokia n’est pas trop axée sur la hiérarchie. Le travail se fait d’abord de manière collaborative« .

Malgré une courtoisie sans reproches, le géant ne communique pas facilement sur tout. La visite de leurs locaux, quoiqu’instructive s’est limitée au… 4ème étage, sur un immeuble qui en compte quatre. Avec interdiction formelle de photographier!

La politique d’ouverture a donc ses limites. Interrogés sur l’iPhone et le succès de son écran tactile multi-points, les troupes de Nokia ont cru bon d’afficher un certain dédain, voire une certaine suffisance ou arrogance face à ce concurrent pourtant bien réel.

Nos demandes d’éclaircissements sur des études menées par le groupe concernant les effets du mobile sur la santé ont visiblement mis mal à l’aise. Questionnée sur leur responsabilité écologique, et sur le mauvais classement obtenu par Nokia selon les critères de Greenpeace, une porte parole a répondu que cette notation défavorable s’explique en partie par l’absence de politique de recyclage dans une grande partie des pays visés par l’enquête. Mais le finlandais admet oeuvrer pour réparer cet impair. « Changer les choses dans 85 pays prendra du temps« , ajoute la porte-parole de la firme.

A la sortie, Nokia se montre satisfait de sa réussite. Son studio de design, plus qu’une démonstration de force, se veut la preuve qu’il reste sur le qui-vive. Il est numéro un mondial et entend bien tout faire pour le rester…