Deutsche Telekom : le gouvernement allemand décidé à faire la lumière sur le scandale

Depuis plusieurs jours, l’opérateur historique allemand est frappé de plein fouet par un scandale d’écoutes téléphoniques effectuées sur ses cadres. Le scandale tourne à l’affaire d’état

Deutsche Telekom n’en finit plus d’être dans la tourmente. Depuis la révélation du scandale des écoutes illégales ordonnées par la direction de l’opérateur, gouvernement et direction du groupe n’ont de cesse de faire la lumière sur l’ensemble d’une affaire dont les effets se révèlent chaque jour plus dévastateurs.

Petit rappel des faits. A la fin du mois de juin dernier, l’opérateur allemand avoue avoir planifié l’écoute de ses cadres. L’opérateur avait réuni les numéros composés par ses dirigeants et les membres du conseil d’administration pour vérifier si des informations internes parvenaient à des journalistes. Les premières écoutes auraient été effectuées en 2000. La nouvelle a fait l’effet d’une bombe.

« Nous prenons cette affaire très au sérieux. Nous avons fait intervenir le parquet et nous l’aiderons à faire toute la lumière » sur cette affaire, avait alors affirmé René Obermann, actuel p-dg de Deutsche Telekom. L’actuel p-dg, entré en fonction en 2006 a très vite été lavé de tout soupçon.

Conscient de l’ampleur du scandale, l’actuelle direction du groupe a décidé de faire appel aux services d’un ancien juge de la Cour fédérale de Justice, Gerhard Schäfer. De son côté la justice allemande a ordonné des perquisitions et ouvert plusieurs enquêtes, notamment contre Kai-Uwe Ricke, l’ancien grand patron du groupe.

La multiplication des investigations et des interrogatoires a mis à jour d’autres éléments. Hans-Jürgen Knoke, un ancien responsable de la sécurité de Deutsche Telekom de 1998 à 2004, a déclaré sur une chaîne de télévision allemande que selon lui, les écoutes auraient démarré non pas en 2000, mais bien plus tôt, en 1995. De plus, les écoutes auraient également concerné des hommes politiques. L’ancien responsable a toutefois tenu à ajouter que Deutsche Telekom n’était pas la seule entreprise à avoir agi de la sorte.

L’Etat, actionnaire à hauteur de 32% de Deutsche Telekom, a été forcé de prendre l’affaire très au sérieux, alors même qu’étaient révélées l’utilisation des données bancaires des personnes espionnées. D’autant plus que d’anciens officiers de la Stasi (service de renseignement de la RDA) auraient eux aussi été sollicités pour les écoutes, selon une information des Echos.

Interrogé par un hebdomadaire allemand, le ministre de l’Intérieur Wolfgang Schäuble, a estimé que « Les citoyens doivent avoir l’assurance que la protection des données est aussi une priorité du plus haut degré dans les entreprises ». Pour affirmer la volonté de transparence absolue du gouvernement et des entreprises sur la question, le ministre a souhaité convoquer un sommet des télécoms avec les opérateurs allemands ou officiant en Allemagne. Ces derniers ont tous décliné l’invitation.

Deutsche Telekom n’est pas au bout de ses peines. Une enquête a récemment été lancée contre l’ancien opérateur public et le britannique Vodafone. Les deux sociétés seraient suspectées d’entente.