NSA et DGSE, même combat?

République Française

Un PRISM à la française ? La Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) serait, comme la NSA américaine, une adepte de la surveillance à grande échelle.

Comme l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA), dont le programme PRISM a provoqué un tollé en Europe, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) pratiquerait la surveillance des communications à grande échelle, rapporte Le Monde.

La DGSE « collecte systématiquement les signaux électromagnétiques émis par les ordinateurs ou les téléphones en France, tout comme les flux entre les Français et l’étranger », souligne le quotidien national. Toutes les communications seraient concernées : appels téléphoniques, courriers électroniques, messages instantanés, SMS, accès aux réseaux sociaux, etc.

La DGSE mutualise

Les données collectées seraient stockées boulevard Mortier, à Paris, dans les sous-sols du siège de la DGSE. La base ainsi constituée par le service chargée de l’espionnage et du contre-espionnage à l’extérieur du territoire national, est également utilisée par les autres entités de l’État dédiées au renseignement, dans un souci de « mutualisation ».

Parmi elles, la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED) et la cellule française de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (Tracfin), y puiseraient « quotidiennement les données qui les intéressent. »

Les métadonnées, ces données techniques qui pemettent de qualifier et structurer d’autres données (géolocalisation, durée, fréquences des communications…), d’établir des relations entre elles et leurs auteurs, intéressent en priorité ces services.

Le renseignement électromagnétique

Si le programme de surveillance de la NSA était classifié avant d’être révélé par l’ancien agent du renseignement américain Edward Snowden, le dispositif français est notamment évoqué dans le rapport parlementaire du 30 avril dernier « relatif à l’activité de la délégation parlementaire au renseignement pour l’année 2012. »

On peut y lire ceci : « Depuis 2008, des progrès ont été réalisés en matière de mutualisation des capacités, notamment en ce qui concerne le renseignement d’origine électromagnétique, opéré par la DGSE au profit de l’ensemble de la communauté du renseignement. »

Le délégation estime, par ailleurs, nécessaire « d’accentuer la mutualisation des capacités, en renforçant le rôle du coordonnateur national du renseignement [et] les capacités exploitées par la DGSE au profit de la communauté du renseignement et en consolidant l’accès des autres services aux capacités mutualisées de la DGSE ».

Le « plus gros centre informatique d’Europe »

Le directeur technique de la DGSE, Bernard Barbier, a aussi parlé en public du dispositif, lors du Symposium sur la sécurité des TIC 2010 et devant l’Association des réservistes du chiffre et de la sécurité de l’information (ARCSI).

M. Barbier parlait alors « d’un calculateur à base de FPGA » (Field-programmable gate array ou Circuit logique programmable)  et du « plus gros centre informatique d’Europe (après les Anglais). »

On ne peut s’étonner qu’une agence du renseignement définisse et mette en oeuvre une politique de surveillance au titre de la sûreté nationale et de la lutte contre le terrorisme. En revanche, le « flou juridique » qui entoure les métadonnées ainsi que les dérives vers une surveillance généralisée, discrétionnaire, font craindre le pire.


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