Dividende numérique : le secteur des télécoms joue la carte du chantage

Les fréquences libérées par le passage au numérique de la télévision sont âprement disputées

En 2011, la télévision analogique devra passer au numérique, ce qui libérera des fréquences hertziennes, c’est le fameux dividende numérique. Mais qui récupérera ces fréquences ? Pour répondre à cette épineuse question, l’Arcep, le régulateur des télécoms, a lancé en juillet dernier une consultation publique auprès des parties concernées. Et autant dire que le monde des télécoms fait le « forcing » quitte à jouer la carte du chantage.

Ces derniers dressent un constat sans ambiguités. Les fréquences actuelles (900 Mhz à 2,5 Ghz) ne permettent pas de déployer partout le haut débit mobile (3G et HSDPA). Il faudrait installer un réseau très dense (jusqu’à 3 fois plus d’émetteurs) qui poserait des problèmes financiers, écologiques et politiques.

Dans leurs réponses faites au régulateur, les opérateurs se font même menaçants. S’ils n’obtiennent pas les fréquences qui seront dégagées, ils ne pourront pas assurer une couverture complète du territoire en haut débit mobile. « Une fracture numérique sera inévitable: 30% de la population vivant en dehors des zones urbaines sera privée de cette technologie ».

Ils expliquent par ailleurs que s’ils mettent la main sur ces fréquences, cela créerait « plusieurs centaines de milliers d’emplois sur dix ans » et même 0,5 point de PIB supplémentaire ! Des arguments pour le moment invérifiables.

Enfin, les opérateurs soulignent que l’allocation de ces fréquences est une occasion unique pour eux.« Il n’y aura pas de deuxième chance avant plusieurs décennies. Les choix de réaffectation du dividende sont donc cruciaux pour le développement du pays ».

Du côté du secteur audiovisuel, on s’étonne que cette consultation lancée par l’Arcep « soit taillée sur mesure pour les opérateurs du mobile ». D’un autre côté, il est normal que le régulateur défende sa chapelle… Les chaînes de TV s’étonnent par ailleurs que le débat soit lancée aujourd’hui alors que le basculement n’aura pas lieu avant quatre ans.

Néanmoins, le secteur rappelle sa position. Il souhaite obtenir les fréquences libérées afin d’assurer l’essor de la TNT, de la TV Mobile et de la TV haute définition.

Mais les télécoms soulignent que la HD pourrait très bien être diffusée à travers le câble, le satellite, l’ADSL ou encore la fibre…

Bref, nous sommes encore très loin du consensus.