Donald Trump va-t-il gagner les élections grâce aux pirates russes ?

Le piratage de systèmes informatiques relatifs aux inscriptions des électeurs, que vient de détecter le FBI, fait peser une menace sur la prochaine élection présidentielle américaine.

Les Russes vont-ils faire capoter la prochaine élection présidentielle américaine du 8 novembre prochain ? La question se pose alors que le FBI a alerté les responsables électoraux que des pirates étrangers avaient infiltré le système informatique d’un État pour en exporter la base de données des électeurs. Le SI d’un second État a probablement également été infiltré, mais aucune information ne permet de confirmer que des données en ont été dérobées. Selon Yahoo News, il s’agirait des États de l’Illinois et de l’Arizona respectivement.

Dans le cas de l’Illinois, le système d’inscription a dû être fermé une dizaine de jours en juillet. Environ 200 000 fiches d’électeurs ont été volées. L’attaque du réseau de l’Arizona s’est traduite par l’introduction de malwares dans le système d’inscription des électeurs, mais aucune exfiltration de données n’aurait été constatée.

Pour le FBI, les auteurs de l’intrusion pourraient être originaires de Russie. Les enquêteurs s’appuient notamment sur l’origine des 8 adresses IP utilisées pour mener les attaques, dont une commune aux deux agressions. Par ailleurs, l’une d’elles est apparue dans des forums russes du darkweb. Enfin, les méthodes utilisées pour pénétrer les systèmes, dont les outils employés pour scanner les vulnérabilités exploitables, sont similaires à d’autres attaques majeures attribuées aux Russes, dont celle, début août, de l’agence mondiale antidopage (AMA).

Machines de vote électronique

Il faut savoir que les États-Unis recourent massivement aux machines électroniques pour traiter les votes des électeurs. 40 États utilisent des systèmes optiques qui, à la manière d’un fax, scannent et enregistrent le choix que les électeurs expriment sur une feuille de papier. Le résultat du vote est rendu après traitement informatique dédié. Lequel peut donc être piraté pour fausser le résultat final. Néanmoins, en cas de doute, il est toujours possible de recompter manuellement les bulletins papier. Mais six États et certains bureaux de quatre autres utilisent un système de vote directement sur écran (Direct-Recording Electronic). Les résultats qui en sortent sont donc impossibles à comparer avec une source matérielle afin d’en vérifier l’intégrité. Autant de données potentiellement piratables qui pourraient faire pencher la balance dans un sens comme dans l’autre. Pour éviter de tels risques, le FBI suggère aujourd’hui de débrancher les machines de vote du réseau Internet pour la durée de l’élection (ce qui serait efficace uniquement si l’intégrité des machines est garantie). Et invite l’ensemble des États à vérifier si leur SI lié aux inscriptions des électeurs n’a pas été compromis. A noter également que de plus en plus d’expatriés et de militaires stationnés en dehors du territoire américain peuvent voter en ligne. Avec, là encore, le risque que le résultat final ne corresponde pas à leur vote initial.

Mais quel intérêt des hackers russes auraient-ils à pirater le système de vote américain ? Le sénateur du Nevada, le démocrate Harry Reid, soupçonne le Kremlin de vouloir manipuler le résultat de la prochaine présidentielle. Il rapporte que, selon des responsables du renseignement américain, l’objectif de Vladimir Poutine est de falsifier le résultat des élections. Ou, au moins, de remettre en cause la confiance que les électeurs américains accordent à leur système de vote, pilier des valeurs démocratiques. A moins que ce ne soit pour privilégier un candidat.

Les liens de Trump avec des dirigeants russes

Sur la base des informations recueillies auprès du FBI, Harry Reid est convaincu que les Russes ont les moyens de truquer le résultat des prochaines élections. Et a demandé l’ouverture d’une enquête approfondie, alors que certains des anciens et actuels conseillers de Donald J. Trump sont liés à des dirigeants russes. Il cite notamment Carter Page, consultant et investisseur dans le fournisseur d’énergie Gazprom, et conseiller de Trump. Ce dernier a notamment critiqué la politique de sanctions des Américains à l’encontre de la Russie.

L’hypothèse d’une action souterraine de la Russie trouve aussi son origine dans un autre événement qui a touché la pré-campagne électorale américaine. Deux agences du renseignement russe, le FSB et le GRU, sont soupçonnées d’avoir piraté le réseau du Parti démocrate. Quelque 20 000 e-mails de correspondance entre les hauts responsables du parti ont notamment atterri chez Wikileaks. Officiellement l’œuvre du pirate Guccifer 2.0. Mais les Américains soupçonnent ce dernier de travailler pour le renseignement russe. La publication des courriels avait notamment révélé que le comité des Démocrates avait dénigré la campagne de Bernie Sanders, concurrent malheureux d’Hillary Clinton lors des primaires. Si l’affaire a fait grand bruit, elle n’a pas suffi à remettre en cause la candidature d’Hillary Clinton à la présidentielle.


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