Dossier spécial VoIP/ToIP : le tour de la question

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Migration, technologies, avantages et limites, études de cas, idées reçues : Silicon.fr fait le tour des communications IP en 17 articles

Quelques idées reçues ou constatations désobligeantes (1ère partie)

La qualité de la voix et le coût des combinés IP sont loin de faire l’unanimité et, disons le tout net, ne jouissent pas d’une très bonne image. Pourtant la voix est maîtrisée et les prix de téléphones IP chutent…

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La voix avec la VOIP c’est pas terrible !”

Il suffit de répéter cette affirmation – que l’on entend très souvent !– aux experts de la TOIP pour que leurs cheveux se dressent sur la tête. « Les solutions de type Skype ou Wengo ne procurent effectivement pas une bonne qualité de voix », reconnait volontiers Jean-Denis Garo. « Mais cette qualité n’a rien à voir avec la VOIP en entreprise, stable et de bonne qualité, aussi bien chez nous que chez nos concurrents. »Un propos défendu, mais analysé autrement par Michel Dudet : « Faux ! Ce n’est plus vrai depuis plus de un an. Certes, la fiabilité de l’infrastructure est moins bonne, mais la qualité de la voix est devenue excellente. Si le réseau local est bien configuré ou si la VOIP est externalisée auprès d’un opérateur spécialisé, il n’y a aucun problème. »

Cependant, Gilles Cordesse est plus tempéré et donne même une explication technique précieuse pour mieux comprendre : « Si on relie deux téléphones IP via un routeur dans une même salle de réunion, le son de la voix est excellent. Cependant, cela ne reste vrai qu’avec des combinés contenant les mêmes composants électroniques et utilisant les mêmes standards de communication.Trois éléments entrent en jeu dans la qualité de service influant sur la qualité de la voix.La perte de paquets : si l’un des paquets d’information est perdu pendant le transport, tous les paquets sont alors renvoyés. Avec les données, cela ne pose pas de problèmes, mais avec la VOIP exigeant du temps réel, cela donne une voix hachée. Autre composante, la latence : un retard d’une seconde (ou même moins) dans la transmission d’informations sur le réseau engendre des coupures de mots et des blancs. Enfin, la gigue : variation de latence, elle a pour effet de restituer une “voix de robot”. On constate donc encore une fois que la qualité de service reste étroitement liée à l’infrastructure. C’est pourquoi nous exigeons que nos vendeurs “imposent” un audit de l’infrastructure réseau du client (sondes, rapports, préconisations…). Sur le terrain, nous constatons que dans 80 % des cas, un ajustement réseau (tuning) s’avère indispensable pour obtenir une VOIP correcte ! »

Pour toute réponse à cette affirmation, Alexandre Wauquiez se contente de préciser : « Nous comptons plus de 15 000 postes installés en VOIP dans les entreprises. Cela ne suffit-il pas à prouver la stabilité et la qualité satisfaisantes de la VOIP ? » Et Patrice Giami lance : « Les gens confondent parfois les offres ou services gratuits grand public avec les solutions d’entreprise. Ces dernières reposent sur des liaisons DSL dédiées à la voix. Notre réseau véhicule les télécommunications de 65 000 utilisateurs. Si la qualité de la voix était médiocre, nous en serions les premiers informés et ne conserverions pas ces clients. »

Passer tous les combinés en IP revient cher”

« Ce n’est le cas que si l’entreprise migre immédiatement en full-IP. Mais de nombreuses possibilités existent pour conserver les équipements existants. Concernant les téléphones SIP, ils coûteront bientôt autant (voire moins) qu’un combiné classique. Et souvent les entreprises choisissent de faire migrer leur parc existant par tiers »,relativise Jean-Denis Garo. « Autrement, des passerelles adéquates derrière l’IPBX peuvent faire l’affaire et éviter de changer les combinés. Ce qui réduit au minimum les fonctions proposées aux combinés classiques, mais permet de réaliser des économies d’échelle et d’étaler l’investissement », glisse Michel Dudet.

Plus radical, Gilles Cordesse estime que « sur une agence jusqu’à 200 postes, stratégiquement et techniquement, mieux vaut tout changer sans état d’âme. Seules des raisons budgétaires incontournables peuvent éventuellement justifier une migration douce, mais seulement au-delà de 200 postes. Ainsi, faire évoluer un parc de 4 500 combinés peut se planifier sur deux ans environ. »