Dossier spécial VoIP/ToIP : le tour de la question

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Migration, technologies, avantages et limites, études de cas, idées reçues : Silicon.fr fait le tour des communications IP en 17 articles

Des PME/TPE aux PME et grandes entreprises

On divise traditionnellement le marché des TPE en trois segments, d’après leur nombre d’employés ou, plus exactement, de celui des postes téléphoniques dont elles ont besoin. Avec la TOIP, les frontières s’estompent face aux offres de type Box, IPBX et TOIP en mode projet.

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Afin de mieux s’y retrouver et de parler des mêmes choses, les acteurs du marché interviewés précisent tous la différence entre la TOIP, qui concerne l’infrastructure et la création de téléphonie IP poste par poste, et la VOIP, qui signifie transport de la voix sur IP. « Trois réalités ont donné naissance à trois segments», explique Pierre-Antoine Thiébaut, responsable marketing voix/data moyennes et larges entreprises chez Alcatel-Lucent. « Les TPE(très petites entreprises)comptent de 8 à 100 postes, les PME/PMI de 100 à 1 000 postes et les grandes entreprises plus de 1 000 postes.» Pour les autres intervenants, les TPE regrouperaient plutôt de 1 à 50postes, contre 50 à 500 et plus de 500 ou 1000 pour les grandes entreprises. En fait, ce flou artistique provient du fait que le haut du mid-market (plus de 500postes) se comporte comme les grands comptes, autant pour l’approche des projets TOIP que pour les actes d’achat. Il y a donc un groupe à cheval sur deux segments traditionnels.

« Les équipements IP représentent 15 % de nos ventes en téléphonie d’entreprise, dont 95 % en grandes entreprises et 5 % sur les PME/PMI. Assez logiquement, le taux de pénétration est linéaire : plus il y a d’utilisateurs, plus il y a de lignes, et plus il ya de TOIP », rapporte Pierre-Antoine Thiébaut.

Des TPE et petites PME presque en boîte

La multiplication des boutiques (et des publicités) provenant d’une génération spontanée d’“opérateurs VOIP” autoproclamés ne trompe pas : le canal pour adresser les TPE se structure. Certains acteurs fantaisistes disparaissent et les autres revendent les offres d’opérateur, VOIP ou non. « Les petites entreprises sont surtout attirées par la réduction des coûts associée à la VOIP, avec une problématique liée au trafic. Ce marché est donc plutôt tiré par la VOIP, proche des offres grand public. On constate donc un taux de pénétration important sur ce bas du marché, mais avec peu de postes téléphoniques IP. Sur les TPE et Soho (small office, home office), on enregistre 20 % de pénétration, des clients largement adressés par des offres de type Box. Toutefois, seuls 10 % des postes téléphoniques sont transformés en une ligne VOIP, qui devient plutôt une seconde ligne. Ce n’est donc pas une réelle substitution »,tient à souligner Michel Dudet, directeur Innovation et Stratégie pour la voix sur IP, chez Orange Business Services.

Rarement au fait des technologies TOIP, ces petites organisations privilégient effectivement les critères économique et de facilité d’utilisation, comme le confirme Jean-Denis Garo, directeur marketing support chez Aastra-Matra : «La TPE ne se pose pas la question de la TOIP, mais plutôt celle du prix de la solution. Puisqu’elle ne dispose pas d’informaticiens dans ses équipes, elle choisit la simplicité. Cependant, l’arrivée des box n’a rien bouleversé : c’est seulement une solution supplémentaire. En revanche, une évolution sensible se confirme : le logiciel open source IPBXAsteriksse développe de plus en plus auprès des intégrateurs et des petites entreprises technologiques.» Une alternative économique aux Box, pour fonctionner comme les grandes !

Mais ces approches nécessitent de l’intégration et du suivi (aussi infimes soit-ils) par des prestataires, même plug&play. « Pour les entreprises de 1 à 50 postes, nous proposons une box plug&play (appliance ou “boîtier tout-en-un dédié”) avec des ports pour téléphones IP et quelques ports analogiques avec convertisseur intégré. Elle regroupe, entre autres des applications de TOIP, de messagerie et de sécurité, » reprend Pierre Ardichvili, responsable de développement du marché communications unifiées chez Cisco.

Grandes entreprises et mid-market : plus ou moins en projet

Le mid-market est constitué de deux familles : les entreprises disposant de service informatique (souvent plus de 500 salariés) et les autres. Sans compétences techniques, les secondes se tournent vers des solutions plus simples et faciles à installer avec l‘appui d’un prestataire spécialisé ; généralement un IPBX basique permettant de conserver certains ports analogiques. Un comportement proche des grandes TPE. Par ailleurs, les PME/PMI avec équipe informatique agissent comme les grandes entreprises.

« Un déménagement ou l’ouverture d’un nouveau site fournit à l’entreprise l’occasion de déployer de la TOIP. Dans cette situation, on bâtit un seul réseau (voix/données) managé par une seule équipe. Alors, le choix de l’IPBX s’impose. En effet, il facilite la personnalisation avec des services de télécommunications évolués et indépendants des offres proposées à tous les autres clients : Lan, mobilité, etc. Le Centrex IP peut, lui, adresser des offres plus standardisées, tandis que l’IPBX permet l’accès à des offres de services plus riches, tout en étant très intégré au réseau de l’opérateur. Dans un contexte multisite, la TOIP s’appuie sur un VPN/IP avec plate-forme centralisée gérant le transport de la voix. Alors, nous n’installons pas d’IPBX, mais donnons accès directement à notre réseau IP sécurisé via une connexion VPN/IP, avec des services sur mesure autour d’un standard téléphonique centralisé.

Cette TOIP centralisée nécessite une démarche de projet, sur le long terme, de convergence des réseaux informatiques et de téléphonie », analyse Alexandre Wauquiez, directeur marketing de l’offre entreprise chez Neuf Cegetel. « Aujourd’hui, les plus grandes entreprises et administrations sont presque toutes en TOIP 100 % ou en cours de finalisation. Elles ont attaqué la TOIP sous l’angle du ROI et de la mutualisation il y a quatre ans, en déployant des pilotes sur de petits sites. Des groupes de travail ont réfléchi à la mutualisation et à la centralisation sur un seul gros PABX. Actuellement, elles ont toutes rédigé ou finalisent des appels d’offres TOIP »,ajoute Pierre-Antoine Thiébaut.

Et Jean-Denis Garo renchérit : « En 2008, nous assistons déjà à de grandes migrations massives chez de très grands comptes. Mais ils généralisent moins les applications, car le temps de déploiement massif représente des délais très importants. Ils ont besoin d’être rassurés sur la sécurité : confidentialité, disponibilité, temps de reprise d’activité. De plus, leurs réseaux sont déjà chargés. Ces projets sont donc plus complexes et nécessitent un besoin d’authentification globale. La TOIP chez les grands comptes est donc le plus souvent hybride, avec le souci de prévoir une migration en full-IP sans douleur et en conservant le maximum d’équipements. Néanmoins, les appels d’offres full-IP par les premiers grands comptes apparaissent déjà. Les cas sont peu nombreux, mais la contagion est rapide dans ces grandes entreprises. »