ERP Cloud : les trois leaders ne jouent pas la même partition

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De multiples acteurs sont présents dans le monde des ERP Cloud. Mais trois sont incontestablement considérés comme des leaders du secteur : la Rolls Oracle, l’efficace SAP et le nouvel arrivant Microsoft. Ils se distinguent par leur approche.

Lorsqu’il est question d’ERP Cloud, le nom de trois grands acteurs vient immédiatement à l’esprit : Microsoft, Oracle et SAP. Si la plupart des SSII travaillent indifféremment avec eux, leurs cibles et stratégies diffèrent parfois.

Le trio Oracle, SAP et Microsoft

Oracle profite d’une position privilégiée d’éditeur de logiciels, d’opérateur de Cloud et de constructeur de matériel. Le géant américain peut ainsi se targuer de contrôler l’ensemble de sa chaîne.

SAP est à l’opposé de ce schéma, avec une position d’éditeur agnostique en matière de Cloud (même s’il en opère pour ses offres SaaS). L’éditeur européen reste la star des ERP, en particulier auprès des ETI et PME.

Microsoft profite de la large visibilité apportée par des offres comme Windows, Azure et Office afin de mettre en avant sa suite Dynamics. Très actif, l’éditeur n’en reste pas moins un nouveau venu dans le monde des ERP.

Côté marché, on associe souvent Microsoft aux TPE/PME, SAP aux ETI/PME et Oracle aux grands comptes. Une vision réductrice… ou pas.

Une SSII nous confiait ainsi, lors de nos entretiens pour cet article : « avec le Cloud, chacun des trois essaie d’aller attaquer hors de ses marchés d’origine. Mais les lignes ne bougent au final pas tellement. »

L’ERP en mode Cloud, pour plus d’innovation

« Aujourd’hui, 90 % des prospects sont dans le Cloud, explique Karine Picard, vice-présidente Applications France, Oracle. Les 10 % restants sont des industries très régulées (service public…) ou celles pour lesquelles un ERP standard n’est pas suffisamment adapté (comme l’automobile, par exemple). Les SSII, banques et le retail (distribution de détail) ont migré rapidement. »


Karine Picard, vice-présidente Applications France, Oracle

« L’ERP Cloud devient de plus en plus une évidence, confirme Hubert Cotte, directeur du Cloud chez SAP. Il y a encore 4-5 ans, on essayait de convaincre sur les bénéfices du Cloud. Ce n’est plus un sujet pour nos clients aujourd’hui. C’est un modèle bien accepté et compris. »

Les trois éditeurs s’accordent sur l’élargissement des fonctions confiées à l’ERP.

Chez Microsoft, l’offre Dynamics 365 regroupe ainsi ERP, CRM et talents en un unique ensemble. Avec une connexion directe vers d’autres solutions, comme Office 365. « Il faut proposer le terrain de jeu le plus large possible afin de tirer des ‘insights’ des données… avec, au besoin, l’aide de l’IA », déclare Pauline Maillard, directrice de la division Dynamics, Microsoft France.


Pauline Maillard, directrice de la division Dynamics, Microsoft France

SAP et Oracle adoptent des stratégies similaires. Le Cloud se veut également un moteur d’innovation.
« Auparavant, le budget était souvent consommé par la maintenance de l’existant, sans moyens pour l’innovation, rappelle SAP. Le Cloud est un nouveau modèle de gestion de l’innovation. Ce que les clients achètent avec le Cloud, c’est donc aussi une capacité à innover plus vite. »

Avec ou sans hébergement intégré ?

SAP se veut pragmatique : « Le marché du Cloud public se structure autour d’AWS, d’Azure et de Google. Nous restons avant tout un éditeur d’applications et nous sommes plutôt agnostiques en matière d’infrastructure. Notre tendance est donc d’être accessibles sur les trois environnements. » Et bien d’autres : hébergeurs classiques, partenaires intégrateurs, etc.

Microsoft profite d’une position d’éditeur-hébergeur, via son Cloud Azure. Mais tout en œuvrant à une ouverture aussi large que possible : « Notre marketplace comprend plus de 1000 ISV proposant des solutions connectées à Dynamics 365. »
Autre point intéressant à surveiller, le déploiement des solutions Dynamics au sein de Cloud fournis par des opérateurs tiers.

Chez Oracle la position est claire : « On a tout : les machines, les datacenters, le middleware, le front, les bases de données, etc. Tout nous appartient et tout est aligné. C’est la force de notre Cloud public, qui ne dépend pas d’acteurs tiers. » Un plus indéniable sur le terrain de la cohérence, de la performance et de la sécurité des offres. Mais aussi un frein pour les entreprises qui ne voudraient pas mettre tous leurs œufs dans le même panier. Une question de choix donc.

Des solutions connectées et personnalisables

« Nous avons une politique d’ouverture et de prise en compte de l’existant (SAP, Salesforce, etc.). Avec des connexions par API », explique Microsoft.  Sur le terrain de la « customisation », les solutions proposées sont parfois très originales, comme PowerApps, qui permet aux non-développeurs de créer des applications mobiles capables de se connecter aux bases de données d’offres comme Dynamics 365 et Office 365.

« Nous vendons la stratégie d’un Cloud connecté, embraye Oracle. Nous rencontrons de plus en plus de clients voulant une plate-forme mieux intégrée. Un nombre croissant de clients utilise notre plate-forme PaaS pour de l’intégration, mais aussi la mise au point d’outils mobiles tirant des données de toutes les solutions Cloud, Oracle ou non. Côté ERP, nous proposons une réduction très importante des coûts via l’utilisation d’un SaaS très flexible en lieu et place de solutions sur mesure. Les partenaires peuvent intervenir pour le configurer (et non le « customiser »), ce qui permet de maintenir les bénéfices du SaaS. »


Hubert Cotte, directeur du Cloud chez SAP

Chez SAP, on insiste sur l’intégration : « Notre plate-forme est intégralement APIsée, avec la fourniture de services SAP complets, dans les deux sens. Nous avons plusieurs chantiers sur l’intégration de solutions entre elles. Certains clients ont déjà fait ce travail, et il faut alors savoir se placer dans un environnement existant. Nous avons pour ambition d’être les meilleurs dans les process M2M sans couture, afin de désiloter complètement tous les domaines de l’IT. »

 

 

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