ERP Cloud : un progiciel connecté et automatisé

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Basculer son ERP dans le Cloud ne fait plus débat. A condition de savoir dans quel but adopter ce modèle et vers quel type de Cloud se tourner. Avec ses fonctions élargies, l’ERP Cloud n’a finalement plus grand-chose à voir avec son prédécesseur.

Dans sa récente étude « Hype Cycle for Postmodern ERP, 2018 » de juillet, Gartner met l’accent sur une nouvelle vague d’ERP, plus puissants, plus flexibles et plus agiles.

D’ici à 2020, 40 % des entreprises devraient avoir adopté ces ERP de nouvelle génération, contre 15 % aujourd’hui. Cette montée en puissance devrait également se traduire par une disparition presque totale des ERP sur site, en faveur de solutions dans le Cloud. Moins de 10 % des projets seront encore en mode ‘on premise seul’ en 2019, estime Gartner.

Market Research Future confirme cette tendance dans son rapport de septembre 2018 sur les ERP Cloud. La croissance du marché devrait être de 8 % par an entre 2016 et 2022, pour atteindre les 28 milliards $ en 2022.

Du « tout Cloud » ? « C’est possible, explique Philippe Gaillard, expert Digital Finance & Supply Chain Transformation, chez Capgemini. Pratiquement tous les dossiers que nous traitons aujourd’hui concernent des ERP Cloud. »

Orange Business Services confirme : « Très clairement, dans la majorité des projets ERP de nos clients, nous notons une tendance majeure en faveur du Cloud. Mais il y a Cloud et Cloud. Nous sommes loin d’une tendance vers le ‘tout Cloud public’, » précise Cédric Prévost, directeur de la sécurité et des services managés Cloud.

 

 


Cédric Prévost, directeur sécurité et services managés Cloud OBS

Vers du 100 % Cloud…

Les ERP profitent des bénéfices du Cloud, en particulier avec les offres SaaS. D’abord d’une réduction massive du coût de développement et de déploiement d’un projet. Mais aussi d’une diminution du coût de fonctionnement. Cependant, ceci est moins vrai dans le cas de solutions de Cloud privé.

Une chose est sûre toutefois : une partie du prix d’un ERP Cloud est dédiée à la mise à disposition quasi continue de nouvelles fonctionnalités et d’innovations, là où la facture d’une solution sur site ne permettait souvent que de couvrir les frais de fonctionnement.

Autre avantage, le déploiement. Tous les ERP des grands éditeurs sont capables de prendre en compte les spécificités régionales de chaque pays de déploiement. Une aubaine pour les entreprises disposant de filiales à l’étranger. En particulier avec la complexification des législations locales : le RGPD en Europe, par exemple. « Les entreprises n’ont plus guère les moyens de suivre les évolutions législatives. Cela les pousse à adopter des solutions plus standard », constate Capgemini.

Plus standard, l’ERP en mode Cloud « multitenant » (en général du SaaS) a malgré tout pour défaut de limiter la mise en place de solutions dédiées.


Alexis Dupuydauby, directeur marketing multicloud, Orange Cloud for Business

Les plates-formes créées de toutes pièces pour répondre aux besoins des clients cèdent ici la place à des ERP massivement configurables. Un nouveau métier pour les SSII. « Cela se traduit par moins d’intégration technique et plus de customisation et de fonctionnel. Cela ne change finalement pas tant que cela, » nous confie Alexis Dupuydauby, directeur marketing multicloud, Orange Cloud for Business.

… 100 % connecté

L’ERP de nouvelle génération n’est pas seulement Cloud. Il est aussi massivement connecté à une infrastructure IT complexe, mêlant des solutions existantes, on premise et Cloud, qu’il faudra souvent conserver.

Lors du passage de l’ERP dans le Cloud, il sera en effet difficile de convaincre les professionnels d’abandonner des outils comme Salesforce, par exemple. Les entreprises basculent donc vers une IT multicloud, qu’il faut connecter.


Philippe Gaillard, expert Digital Finance & Supply Chain Transformation, chez Capgemini

Et ceci commence dès la migration de l’ERP : « Les éditeur ont créé des outils permettant l’accélération de la migration. En amont, un gros travail consiste toutefois à nettoyer les données. Cette tâche est confiée à l’intégrateur, » explique Philippe Gaillard.

Un large travail d’intégration est par la suite requis pour capter les données nécessaires à un fonctionnement optimal de l’ERP.

Les API semblent ici promises à un bel avenir, même si les connecteurs classiques restent encore des offres solides et appréciées. « Le tout API ? C’est le Saint Graal, le monde de demain, remarque Alexis Dupuy. La réalité est aujourd’hui un peu différente en Europe et en France. Beaucoup d’applications sont encore connectées via des outils spécifiques sans API. Tout n’est pas encore modernisé. »

Et il faut également se prémunir d’écueils futurs lors du transfert vers un autre hébergeur ou éditeur : « C’est un point d’attention, confirme Philippe Gaillard. Il faut vérifier la clause de réversibilité. L’hébergeur se doit de fournir les outils permettant d’extraire les données. »

… et 100 % automatisé ?

Enfin, l’ERP se veut de plus en plus automatisé. Cette mouvance se double d’un changement de paradigme : là où l’entreprise se focalisait auparavant sur les processus, elle se concentre maintenant sur la data. C’est le concept du « data driven ».

Le volume massif de données remontées suppose l’emploi de nouvelles technologies du Big Data, voire l’Internet des Objets, qui monte en puissance dans le cadre de l’Industrie 4.0.

Il est également essentiel de pouvoir s’appuyer sur des outils adaptés d’aide à la décision. Bref, sur de l’analytique Big Data, épaulée par de puissantes solutions de reporting.

Prochaine étape , l’entrée en lice de l’Intelligence artificielle, qui va pouvoir prendre en charge certains traitements. L’objectif est d’automatiser tout ce qui peut l’être, que ce soit du bas vers le haut (des données vers la direction) ou du haut vers le bas (de la décision à l’action).

 

 

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Crédit photo : zhu difeng / Shutterstock