E-santé: une informatisation dans l’anarchie et la douleur

L’informatisation du secteur médicale traîne des pieds, et pour cause: les différents acteurs ne vont pas à la même vitesse

Un mariage long et difficile. Le rapprochement entre TIC et santé prend du temps. Si les dépenses informatiques du secteur de la santé augmentent, les établissement n’ont pas tous les moyens de réaliser des dépenses uniformes.

Selon La Tribune, le cabinet IDC évalue à 1,418 milliards le budget informatique du secteur de la santé, soit une augmentation de 9% sur un an. Une majorité d’établissements consacre ce budget à la maintenance et au renouvellement. La part consacrée à l’innovation reste faible.

Pour mémoire, dans le cadre du plan ‘Hôpital 2012‘, sur la somme de 10 milliards d’euros allouée aux hôpitaux, 15% du total doivent être consacrés aux systèmes informatiques.

Pourtant, des projets ambitieux émergent. Pour mémoire, le partenariat récent d’Orange Business Services avec l’hôpital de Nancy vise à mettre les nouvelles technologies au services des soins, en favorisant la mobilité du personnel par le biais de terminaux WiFi. A la clé: une meilleure prise en charge pour le patient et des gains de productivité pour l’hôpital.

Mais un problème demeure: l’informatisation du secteur ne suit aucun plan. Ni le DMP (dossier médical personnalisé) toujours en chantier, ni l’informatisation des praticiens, ni les plans (‘Hôpital 2007’ puis ‘Hôpital 2012’) ne suivent de logique établie. L’exemple du dossier médical personnalisé illustre bien ce conflit. Alors que la réflexion concernant ce nouveau moyen se poursuit entre les différents acteurs, le gouvernement repousse sans cesse la mise en application d’un dispositif réclamé aussi bien par les soignants ‘sédentaires’ que par les urgentistes en déplacement.

« Avant de définir les outils, il faut s’occuper de la base« , explique à la Tribune Jean-Jacques Jegou, rapporteur spécial du budget de la santé et rédacteur d’un rapport en 2005. Selon ce dernier, l’informatisation du secteur doit avant tout améliorer la qualité des soins. Rappelons qu’au niveau européen, les pays membres réfléchissent déjà à l’e-prescribing, un dispositif en ligne dédié à la prescription d’ordonnances.

Du coup, le dernier rapport remis par le CGTI (Conseil général des technologies de l’informatique) prend l’air d’une mauvaise blague. Ledit document insiste sur une plus grande implication des industriels et des acteurs de l’informatique médicale. Les industriels font déjà preuve d’un intérêt certain pour la question. Un marché dont la croissance avoisinerait les 15 à 20% dans les 5 ans ne les a pas laissé indifférent.

Le modèle économique à adopter reste un point d’achoppement. Si Bercy et le ministère de la Santé entendent développer un modèle « pertinent« , les industriels du secteur de l’informatique médicale souhaitent eux aussi afficher leur point de vue.