Econocom, une SSII ou un loueur ? Bientôt les deux

Imminent, le rapprochement entre Ecococom et Osiatis va créer une société de services de plus de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires et de 8 300 personnes. Une société au modèle hybride ciblant explicitement les directions métier.

A l’occasion de ses résultats semestriels (un chiffre d’affaires de 792,3 millions d’euros, en croissance de 7,5 % sur un an, dont 3 % en organique), Econocom a présenté son plan de développement à 4 ans. Un plan qui prévoit d’amener le groupe à un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros en 2017. « Une perspective qui ne repose pas sur une hypothétique amélioration des conditions de marché », précise Bruno Lemaistre, le directeur général. La croissance proviendra d’abord de l’acquisition d’Osiatis (opération qui n’attend plus que le feu vert de Bercy) et misera sur le boom des offres « as-a-service ».

Comme le dit le directeur général, le nouveau positionnement se situe « au croisement de l’innovation financière et de l’innovation technologique. Aujourd’hui, la location pèse moins de 20 % du marché IT. Mais la montée du digital (mobilité, objets intelligents, etc.) entraîne une banalisation du mode as-a-service. D’autant que ce sont les directions métiers – marketing, ventes, voire directions générales  qui impulsent ces projets et qu’elles se focalisent davantage sur la rapidité de mise en œuvre et les bénéfices pour l’activité que sur les coûts ».

En misant sur des offres combinant distribution, service de mise en œuvre et d’infogérance et financement, Econocom espère donc améliorer à terme sa marge. Même si le groupe est conscient de l’importance des investissements qu’il devra consentir pour mettre en place ce nouveau modèle. A l’horizon 2017, le groupe prévoit un résultat opérationnel courant de 150 millions, le double de celui enregistré en 2012.

Les services : 1/3 de l’activité en 2017

Concrètement, la transformation de l’entreprise vise à coupler les savoir-faire historiques d’Econocom (la location et son ingénierie financière) avec des activités de services (20 % du CA actuel, venant en partie d’autres rachats) et de distribution (18 %). Un processus déjà engagé, Econocom ayant développé en interne des offres dites bundlées, parfois adaptées aux spécificités d’un marché, notamment dans la santé, l’éducation ou la grande distribution.

Cette approche solutions représentait un chiffre d’affaires de 128 millions d’euros en 2012 (soit 8 % du total). Econocom prévoit de booster ce chiffre pour le porter à 550 millions en 2017. C’est cette même démarche que le groupe déploie également dans les objets intelligents avec aujourd’hui une offre centrée sur le financement et la distribution, mais une offre appelée à inclure des services. Econocom prévoit de réaliser 640 millions d’euros sur cette activité en 2017, contre 122 en 2012.

Cette transformation vers les services (qui doivent passer de 1/5 à 1/3 du total selon les projections de la direction du groupe) sera largement accélérée par le rachat d’Osiatis. Alors que Econocom prévoit un chiffre d’affaires dans les services d’environ un milliard d’euros à horizon quatre ans, l’intégration de la SSII française devrait l’amener au-dessus de 700 millions sur cette activité dès 2014, selon Bruno Lemaistre.

Un rapprochement qui fera du nouvel ensemble un acteur de référence dans l’infogérance d’infrastructure ; Econocm-Osiatis se classant dans le top 5 en France (derrière IBM, Orange Business Services, HP et Atos), selon les projections de Pierre Audoin Consultants. Econocom devrait même se hisser à la seconde place sur le seul créneau de la gestion des environnements utilisateurs (derrière IBM).

Jean-Maurice Fritsch futur patron des services

Mais le groupe compte également sur les compétences applicatives d’Osiatis (750 personnes, 50 millions de chiffre d’affaires environ) pour accélérer la mise en place de ses offres bundlées ainsi que sur le management de la SSII française pour améliorer la rentabilité des activités de services aujourd’hui hébergées chez Econocom. Ces dernières affichent une marge riquiqui de 2 %, quand Osiatis dépasse les 7 %. En cause : les pertes générées par l’activité de maintenance du poste de travail (6 millions en 2012).

Interrogé sur le sujet, Bruno Lemaistre a réfuté la fermeture de cette activité… même s’il en parle désormais au passé. Selon lui, cette ligne de services va être restructurée avec l’adoption d’un nouveau modèle de fourniture des services. Présent lors de la réunion de présentation du plan stratégique à la presse et aux analystes, Jean-Maurice Fritsch, l’actuel coprésident d’Osiatis, apparaît comme le candidat naturel pour prendre la tête des services du nouvel ensemble.

L’achat d’Osiatis coûtera 165 millions d’euros à Econocom, dont 65 millions en cash. Soit, selon Bruno Lemaistre, une année de flux de trésorerie pour le groupe. Une façon d’affirmer que le morceau ne devrait pas être trop difficile à avaler et que le groupe fondé en 1974 par Jean-Louis Bouchard sera rapidement prêt pour d’autres opérations de croissance externe.