EDITO: Faut-il avoir peur de Google ?

Quelle drôle de question ! Et pourtant pas si anodine que cela ! Car Google n’est plus seulement le moteur de recherche préféré des internautes, il est devenu en quelques années un géant d’Internet, aux moyens financiers considérables, et un vivier de technologies qui cache des pans entiers de sa stratégie

Au moment où Google s’apprête à fêter brillamment le premier anniversaire de son entrée en Bourse, que penser de son ambition ? C’est un écosystème étrange et inédit, qui n’a pas fini de surprendre, de faire rêver, ou de faire peur…

Google, le dollar et Wall Street Voilà bien une affaire qui marche ! Depuis qu’il est dans l’obligation de publier ses résultats trimestriels, Google progresse, progresse? (Résultats record pour Google) à un rythme élevé que d’aucun lui envie. Ses rapports avec Wall Street et les milieux boursiers se sont assagis. ‘On ne prête qu’aux riches !‘, et en la matière, Google a enrichi ceux qui ont cru en lui. L’action, introduite il y a un an à 85 dollars, a gagné 335%, dépassant les 300 dollars. Dans ce contexte, on pardonne rapidement les écarts de jeunesses, et ou oublie vite l’excentricité d’une entrée en bourse qui aura marqué les analystes par sa désinvolture. Au point que les investisseurs vont se précipiter sur les miettes d’actions lâchées par la jeune firme (Google en Bourse: encore 4 milliards de dollars à prendre!). Google, moteur de recherche et liens de pub Tout d’abord, les arguments de ce moteur de recherche. Certes, Google a perdu la première place en termes de volume de sa base d’index (Yahoo annonce un index supérieur à celui de Google). Mais ses algorithmes d’interrogation et d’extraction des résultats restent les meilleurs. Et sa gamme de services s’étoffe (Google rachète Urchin, c’est bon pour son business !). Grande réussite aussi pour AdWords et AdSense, les services publicitaires de liens sponsorisés. Même si Google s’est parfois approprié un peu vite des technologies qui ne lui appartiennent pas (Google poursuivit pour ‘fraude au clic’) ! Et même parfois pour prendre à la légère ses obligations vis-à-vis de ses clients (Google est poursuivi pour pratiques abusives). La concurrence fourbit ses armes (Yahoo et MSN fourbissent leurs armes sur les liens publicitaires), des challengers réclament leur dû (Ask Jeeves nouvel acteur du lien sponsorisé), quand leurs états d’âme ne sont pas une force face au géant (Mirago, moteur de recherche européen). Mais certaines limites? légales sont franchies. Car fort de sa position de leader, Google mesure le risque de s’écarter de la droite ligne, quand l’écart rime avec profit (Google condamné pour usurpation de marque dans AdWords). Et lorsque le moteur marque un temps d’arrêt, comme sur l’engagement de Google sur l’antique papier (Google : numérisation des livres suspendue), c’est pour mieux sauter. Google et l’innovation Pour atténuer ces risques, Google entend maîtriser et protéger ses technologies (Un brevet Google sur les flux RSS), en exploitant en priorité tout ce que le libéralisme du droit américain vis à vis de ses entreprises lui permet. Google étend sa toile? sur la toile. Et rien ne doit lui échapper (Google Video irrite), même sur les aspects les plus communautaires du Web (Google News publie les flux RSS et Atom, en anglais). Ambitieux, Google ? Question superflue! Après les sites et les pages Web, les fichiers .doc, .pdf, .xls, etc., le texte et l’image, viennent la vidéo (Google Video Viewer, lecteur vidéo en ligne). Sans oublier de passer à la caisse (Google proposera bien son système de paiement). Mais il existe également une face cachée de Google, qui se prépare un avenir technologique totalement contrôlé par lui. Ainsi, lorsque le moteur se fait généreux, cela cache généralement une stratégie plus élaborée qu’il n’y paraît (Google US: Internet gratuit via Wi-Fi ? A faire peur !). L’accès Internet, voilà bien un domaine qui intéresse grandement Google (Google montre à nouveau son intérêt pour l’accès Internet). Difficile en effet d’être plus proche de l’internaute -client potentiel. Et c’est bien l’un des axes privilégiés du moteur (Google Earth prêt à parcourir le Globe). Cette ambition mène Google à des réalisations qui attirent la sympathie (La Google Toolbar pour Firefox [?] Google présente sa page d’accueil personnalisable), mais qui parfois aussi suscitent certaines interrogations (Google rachète le réseau social sur mobiles Dodgeball.com). Car les dérives pernicieuses menacent toujours ceux qui veulent trop en faire, ceux qui finissent par être intrusifs au delà du supportable… Quant aux rumeurs ? Google sur la musique, sur la télévision en ligne, sur la VoIP – elles relèvent plus de spéculations que de réelles orientations stratégiques. Car l’enjeu ce sont bien les investissements dans les infrastructures. Les fondateurs du moteur et leurs conseillers ont appris la leçon: ce n’est pas le chercheur d’or qui a fait fortune le premier, mais celui qui vend pelles et pioches permettant de creuser! Dans l’attente du faux pas? ? Beaucoup estiment qu’arrivé à ce stade d’expansion relativement facile, Google ne se fera pas pardonner le moindre faux pas. La concurrence, tout d’abord, observe et sanctionne (Steve Ballmer (Microsoft) met en garde contre Google). Et au moindre impair, le couperet pourrait tomber. Que Google recrute un ancien de Microsoft (Chine: Google embauche un ancien de Microsoft qui porte plainte), ce dernier monte au créneau (Google vs. Microsoft: l’affaire ‘chinoise’ prend de l’ampleur), et face à plus gros que lui, Google est contraint de s’effacer (Le DC chinois de Microsoft n’ira pas chez Google). Que faut-il craindre de Google ? Google, par certains aspects, évoque des perspectives à la ‘Big Brother‘ s’agissant des médias en ligne, qui se cacherait derrière une façade sympathique, mais virtuelle. Derrière un tel instrument qui peut tout connaître sur ceux qui le consultent, il y a bel et bien une stratégie mais qui est loin d’être lisble.