Edito : Lance Armstrong, l’amère victoire des technos sur les faux culs

Il n’aura fallu que quelques années, et un changement de siècle, pour que l’indécelable devienne détectable ! Lance Armstrong, sept fois vainqueur du Tour de France, épinglé six fois à l’EPO sur des urines datant de 1999. L’affaire révèle les faux culs, et personne n’en sort gagnant, ou presque?

Rappel : dans son édition de ce mardi 23 août,

L’Equipe révèle qu’en 2004, une nouvelle analyse des urines congelées du coureur cycliste Lance Armstrong sur le Tour de France 1999 a permis de détecter de l’EPO, un puissant produit dopant pourtant presque indétectable. Que s’est-il donc passé durant ces cinq années ? Pas grand-chose, semble-t-il, sauf l’avancée des technologies qui rend aujourd’hui détectable ce qui ne l’était pas il y a six ans. L’affaire est entendue, avec la preuve par six. Ce sont en effet six urines du coureur, septuple vainqueur du Tour, qui ont été détectées positives à l’EPO ! Amère découverte, qui vient ternir la gloire d’un grand champion, mais surtout le sport cycliste, les coureurs, leur encadrement, les organisateurs, tout un écosystème qui a trompé son monde ! Car au delà de l’EPO, c’est tout un système qui se trouve éclaboussé. Par la révélation de L’Equipe ? Non, par la technologie qui se retrouve occuper la place peu enviable parfois de révélateur des travers d’une société où tout doit mener à la victoire ! La victoire reviendrait donc à la technologie ? Pas si sûr ! Car c’est cette même technologie qui permet encore aujourd’hui à Lance Armstrong d’affirmer sur son site Web qu’il n’a jamais touché à l’EPO. Lui qui, nous le rappelle Libération, s’est enorgueilli du titre de « sportif le plus contrôlé au monde« , mais n’a jamais été testé positif, tout du moins jusqu’à présent. Peu lui importe, Lance Armstrong a rempli son contrat et ses poches. Il a gagné sept Tour de France, invité l’Amérique sur la ‘grande boucle‘, satisfait ses sponsors au-delà de leurs espérances, et berné des millions d’amateurs de la petite reine. Qui ne lui en voudront pas, car le coureur a su manipuler en partie son public, avec l’aide de nombreux médias consentants. Dopé, Lance Armstrong ? « Non« , m’explique ma concierge, accro de la presse people. « Il a pris des médicaments à cause de son cancer« . L’EPO sur prescription médicale, il faudra que j’en parle à mon médecin ! Au final, cette affaire de dopage ne changera pas grand-chose, mais aura en revanche été le nouveau révélateur des travers du système ‘faux cul’ qui nous envahit. Pourquoi donc avoir attendu que le coureur ait remporté sa septième victoire et pris sa retraite avant de révéler l’affaire ? Faux culs les organisateurs qui s’en lavent les mains. Faux culs le microcosme du Tour qui était parfaitement au courant. Faux culs les coureurs qui dénoncent aujourd’hui l’attitude de Lance Armstrong, qui aurait imposé une chape de silence depuis 1999. Ces coureurs qui ont écarté ceux qui ne voulaient pas jouer le jeu, et dont le silence aurait permis à un tricheur d’aligner sept victoires. Faux cul l’Amérique, où, dans un sondage réalisé à la va vite, quatre américains sur cinq affirment que le coureur ne s’est pas dopé. Finalement, il n’y aurait guère que la technologie qui puisse s’enorgueillir d’avoir marqué des points. Suffisamment pour compenser le rôle qu’elle a joué pour cacher les dérives ? Une bien triste affaire que l’on va essayer d’oublier, vite. Et puis de toute façon, il est trop tard. Tous des faux culs?