Ekinops, ou comment une start-up française dope les flux sur fibre

Cette jeune pousse de Lannion, experte en agrégation ou ‘multiplexage’ de fibres optiques (DWDM), part à la conquête du monde

Transmettre, sur fibre optique, de très hauts débits sur 40 canaux agrégés (ou « multiplexés), par tronçons de 300 km sans répéteur, avec la possibilité de corriger les erreurs et de reprogrammer ces liens … Voilà l’expertise rare et précieuse d’une ‘start-up’ créée dans les Côtes d’Armor par des anciens d’Alcatel.

La plate-forme d’agrégation et de transport optique DWDM Ekinops 360 (dense wavelength division multiplexing) avait déjà la réputation d’être l’une des plus flexibles du marché. Ses fonctionnalités, en effet, se modifient par simple téléchargement logiciel.

Cette plate-forme repose sur un semiconducteur reprogrammable et non sur de l’électronique lourde (Asics onéreux à redévelopper) comme dans les solutions concurrentes.

Cette offre opérateur s’avère assez complète, avec des fonctions de correction d’erreurs, de contrôle des performances, de multiplexage, d’amplification optique , de conversion de protocoles (Ethernet, VoIP, vidéo sur IPdd, SDH, Fibre Channel…) et de gestion de réseau.

Et le succès est au rendez-vous: le chiffre d’affaires a quadruplé sur l’année 2007 pour atteindre 4 M€. La moitié des ventes sont désormais réalisées aux Etats-Unis. Les grands ‘carriers’ affluent, tels l’opérateur d’infrastructure Global Crossing, entre autres, a adopté sa plate-forme pour optimiser l’exploitation de ses artères à 10 Gbits/s. Il la déploie à présent sur 18 de ses réseaux métropolitains, en attendant d’en équiper ses infrastructures en Europe.

Des innovations sont annoncées pour 2008. Ekinops 360 veut couvrir tous les services du DWDM, non pas seulement les liaisons point à point courtes et sur longue distance, mais également les réseaux maillés, en anneau et réseaux de collecte, près des abonnés.

Elle va donc intégrer la technologie du « laser raccordable ». Un seul et même module de rechange pourra alors s’ajuster à toutes les longueurs souhaitables. Jusqu’ici il fallait prévoir un module par longueur d’onde. Ce qui réduira le coût d’ouverture des nouveaux services. La plate-forme permettra également d’extraire du trafic Gigabit Ethernet à chaque noeud d’une boucle de collecte à base de DSLAM ATM ou Gigabit Ethernet. Ce qui permettra de diminuer le nombre de longueurs d’onde dans l’anneau.

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Exemple d’architecture Ekinops entre réseau d’accès, réseaux MAN et WAN

Selon l’état du réseau ou les besoins des clients, les longueurs d’onde pourront être reconfigurées en temps réel et à distance (« OADM » reconfigurable) – ce qui constitue une autre source de réduction des coûts d’exploitation. La plate-forme enfin, tout en restant dans la bande C pour l’amplification du signal, pourra agréger jusqu’à 80 canaux par fibre, alors que pour les accroissements de capacités les offres concurrentes basculent dans la bande L, ce qui implique un changement matériel.

De la même façon, ces plates-formes Ekinops pourront bientôt supporter des accès à 40 Gbits/s (puiq 100 Gbits/s ultérieurement), sans modifier les structures existantes qui avaient été étudiées pour le 10 Gbits/s.

En France, Ekinops a déjà pour clients Axione, BSO Communication, Ecritel, eTera, la Régie du pays chartrain… Mais la jeune pousse accélère également son développement international en ouvrant des représentations au Royaume-Uni et à Singapour, en attendant une autre pour l’Europe du sud.

« Avec nos nouvelles fonctionnalités, résume François Xavier Ollivier, directeur des opérations [NDLR: et non pas p-dg, lequel s’appelle Didier Brédy / mise à jour 08.02.08], nous résolvons la plupart des problèmes créés aux opérateurs de toute taille par la croissance exponentielle du Gigabit Ethernet, du FTTH et de la TV sur internet. »

Soutenue par des Fonds d’investissements Ekinops a été créée à Lannion (22) par François Xavier Ollivier et Jean-Luc Pamart ,deux ingénieurs, ex Alcatel. En 2003, elle a profité d’un premier fonds d’amorçage de 7 millions d’euros, avancé par Auriga Partners, Equitis, Siparex, Société Générale Asset Management et Ventech Agarik. En octobre, ceux-ci lui ont apporté 14,5 millions supplémentaires avec Odyssée Venture et OTC Asset Management. La société est présidée par Didier Brédy.En 2006, le chiffre d’affaires était de 1,2 M€. En 2007, il a dépassé les 4 M€.