Electronic Arts: premier actionnaire d’UbiSoft

Le premier éditeur mondial de jeux-vidéo a pris une participation surprise de 20% dans le groupe français. De prédateur, UbiSoft est devenu une proie

Aucun domaine n’échappe à la concentration des éditeurs de logiciels. Cette fois, c’est le monde du jeu-vidéo, secteur hautement concurrentiel, qui connaît à nouveau d’importants mouvements financiers.

Après la fusion Atari/Infogrames, le leader mondial, Electronic Arts annonce avoir pris une participation de 19,9% dans le français UbiSoft, numéro trois européen. Dans un communiqué, il précise que cette participation a été acquise en un bloc auprès du fonds Talpa Beher BV, pour un montant qui n’est pas révélé. Cette prise de participation surprise fait d’Electronic Arts le premier actionnaire d’UbiSoft devant les fondateurs du groupe (15%) et la Caisse des dépôts et consignations (6%), selon la répartition du capital figurant dans le dernier rapport annuel. Une prise participation jugée « hostile » par le groupe français. « Dans l’attente de plus d’informations, on considère cette opération comme hostile », a dit lundi à Reuters un porte-parole de l’éditeur de jeux video français. « (Elle) vise à récupérer les studios d’Ubi Soft qui sont en ordre de bataille pour la prochaine génération (de consoles) ». Le français UbiSoft traverse actuellement une passe délicate après l’annonce d’une perte nette de 43 millions d’euros pour le premier semestre de son exercice 2004/2005 pour un chiffre d’affaires de 130 millions d’euros. Il a en outre renoncé au projet de reprise du britannique Eidos (dont la valorisation a été jugée trop importante) et a annoncé plusieurs reports de sorties, comme le dernier produit de la licence Splinter Cell. Pour autant, en août dernier, l’éditeur avait souligné son objectif d’entrer dans le top 5 américain et de devenir le leader européen de l’édition de jeux vidéos dans les trois prochaines années. Un objectif qui devait passer par des rachats. C’est donc le contraire qui s’est produit avec cette prise de participation d’EA. De prédateur, UbiSoft est devenu en quelques mois une proie. Le groupe américain donnera-t-il au Français les moyens de ses ambitions? Plusieurs analystes estiment qu’Electronic Arts ne se contentera pas de 20%… En tout état de cause, le marché a très bien accueilli lundi l’entrée surprise d’EA dans le Français. Le titre UbiSoft flambe en Bourse de Paris. Ce lundi matin, l’action prend +17,31%.