Emploi technologique : à qui profite la « grande démission » ?

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Data, cloud, cybersécurité, programmation… La concurrence est exacerbée entre entreprises pour recruter et retenir les talents informatiques les plus demandés.

Des mois de travail à distance ou hybride, une inadéquation entre offre et demande de compétences technologiques, une concurrence exacerbée pour recruter et retenir les profils jugés les plus qualifiés… Autant de raisons qui ont entraîné une « grande démission » sur certains marchés, relève le cabinet Gartner.

Aux Etats-Unis notamment, où le quasi plein emploi dans les professions informatiques (le taux de chômage dans l’IT aux US est tombé à 2% en décembre 2021) influence à la hausse les rémunérations. En Europe, la situation est bien plus contrastée.

À l’échelle mondiale, toutefois, moins d’un tiers (29%) des 1755 travailleurs des technologies de l’information interrogés* déclaraient, au quatrième trimestre 2021, leur ferme intention de se maintenir dans leur emploi d’alors.

Sans grande surprise, cette proportion est plus faible (20% environ) chez les moins de 30 ans. Ils sont les plus à même de bénéficier d’une rémunération à la hausse lors d’un changement d’employeur. En revanche, le taux dépasse 48% chez les 50 ans et plus. Ces derniers étant considérés par le marché comme moins « employables » que leurs cadets, plusieurs, parmi les cinquantenaires, évitent la prise de risque.

Tous âges confondus, ce sont les travailleurs IT d’Europe qui sont les plus nombreux (39%) à souhaiter se maintenir dans leur emploi existant. Aux Etats-Unis, ils ne sont plus que 28% de professionnels à déclarer le vouloir et 18% seulement en Nouvelle Zélande.

La DSI s’organise

« Des départements informatiques qui ont opté pour un strict retour au bureau [Ndlr : post-confinement sanitaire] ont affronté des démissions en cascade et tentent aujourd’hui d’inverser la tendance », explique Graham Waller, vice-président et analyste chez Gartner.

Les profils les plus demandés dans la data, le cloud, le développement logiciel et la cybersécurité peuvent bénéficier d’une hausse de rémunération lors d’une transition, aux Etats-Unis notamment. En France, il n’y a pas de surenchère, sauf pour certains experts.

Pour réduire le déficit de profils technologiques spécialisés, les directions des systèmes d’information (DSI), en lien avec les responsables des ressources humaines, ont intérêt à s’adapter. Il existe d’autres atouts que le niveau de salaire pour embaucher des profils très demandés. Le travail hybride (télétravail et présentiel), des horaires flexibles, des recrutements diversifiés, le juste équilibre entre internalisation et externalisation de services… font partie des leviers à activer.

Rester ou démissionner ? Selon une autre enquête de Gartner, 65% des professionnels concernés disent que la « flexibilité » que leur propose un employeur impacte leur souhait d’évolution. Pour les informaticiens en Europe, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée l’emporterait même sur la rémunération lorsqu’il est question de se décider. Globalement, cet équilibre devient aussi important que la rémunération. C’est une première en une décennie.

*L’enquête « Global Labor Market » du cabinet Gartner s’appuie sur un panel de plus de 18 000 professionnels dans 40 pays, dont 1 755 travailleurs de la fonction informatique. Ils ont été interrogés au 4e trimestre 2021.

(crédit photo © Shutterstock)