Encouragé par ses 500.000 Bbox, Bouygues Telecom se tourne vers la fibre optique

En moins de deux ans, Bouygues Telecom a franchi la barre hautement symbolique des 500 000 abonnés ADSL. Mais l’avenir de l’opérateur passera par la fibre optique.

Bouygues Telecom vient de franchir la barre symbolique des 500 000 abonnés Bbox, son offre d’accès haut débit à Internet. Une « performance », selon les termes du groupe, réalisé en moins de 20 mois. Bouygues Telecom avait lancé son offre ADSL en octobre 2008 après avoir ouvert son propre réseau haut débit, en parti construit sur l’ancien réseau de Club Internet, acquis par Neuf Cegetel à l’époque (SFR aujourd’hui).

« Ce succès prouve la pertinence de la stratégie Fixe engagée par Bouygues Telecom fondée sur l’innovation au bénéfice de nos clients comme nous l’avons toujours fait dans le mobile », se félicite Frédéric Ruciak, directeur général adjoint marketing et communication de l’opérateur. Il est vrai que dès son lancement, Bouygues Telecom a misé sur sa propre box afin de développer une offre de services propres.

Outre la téléphonie et la télévision, l’opérateur a rapidement fait évoluer son offre en intégrant la mobilité à travers le premier forfait quadruple play du marché. Lancé en mai 2009, Ideo vient récemment d’évoluer en inaugurant la voix mobile illimitée. SFR lui a rapidement emboîté le pas tandis qu’ Orange fignole une offre pour septembre.

Si le succès de la Bbox est à souligner, le chemin vers la taille critique est encore long. Parti en retard sur le marché de l’Internet fixe, Bouygues est loin derrière les plus de 4,5 millions d’abonnés haut débit de ses plus proches concurrents SFR et Free et qui plus est des 8,88 millions de clients fixes d’Orange au premier trimestre 2010. Si les forfaits mobiles risquent de compter dans les nouvelles offres Internet (il sera intéressant de voir ce que proposera Free avec l’ouverture de son réseau mobile prévu pour 2012), la nouvelle bataille pourrait surtout se jouer sur le très haut débit.

Bouygues Telecom n’a en effet pas l’intention de rater le virage de la fibre optique. En décembre 2009, l’opérateur signait un accord avec Numéricâble (groupe Numericable-Completel depuis 2008, détenu par des fonds d’investissement américains Altice et Cinven) pour construire son offre très haut débit. Initialement annoncée pour juin 2010, l’offre sera vraisemblablement lancée à l’automne. Elle permettra de proposer les 100 Mbit/s à 3 millions de foyers et les 30 Mbit sur plus de 8 millions de résidences. Parallèlement, l’opérateur projette de construire son propre réseau en fibre optique à domicile (FTTH).

Mais sur ce dernier point, Bouygues affiche encore un certain retard face à ses principaux concurrents qui ont démarré leurs déploiements et, surtout, adhèrent au plan multifibre de l’Arcep. Celui-ci consiste à permettre à un opérateur de déployer la fibre de ses concurrents dans les parties montantes (les immeubles) pour les zones denses de manière à ce que les clients potentiels puisse disposer d’un véritable choix de fournisseur. Ce qui impose la présence de quatre prises optiques par foyers.

Mais pour Bouygues Telecom, « la course à l’investissement pour déployer 4 réseaux de fibre va assécher les capacités d’investissement des opérateurs au détriment de l’investissement commercial et des prix pour le consommateur, justifie l’opérateur. Déployer 4 réseaux de fibre est inutile et coûteux, c’est pourquoi nous discutons avec le régulateur pour un accès à des conditions plus équitables. » Au moins, l’opérateur ne menace plus de porter l’affaire devant le Conseil d’Etat comme l’avait évoqué un temps Martin Bouygues en personne.