Eric Sèle (Ciena) : « Pas de cloud sans débits »

Positionné en amont sur l’offre 100 Gbit/s, le spécialiste réseau Ciena propose aux opérateurs et entreprises de mettre à niveau leurs réseaux sans toucher à l’infrastructure. Un passage obligé pour faire face à la multiplication des contenus.

Créé en 1988 autour du concept des autoroutes de l’information lancé par Al Gore, Ciena s’impose aujourd’hui comme l’un des rares équipementiers réseau fixe (LAN, WAN, MAN, entreprise) à délivrer du 100 Gbit/s optique. « On ne fait plus d’offre de réseau sans lien 100G aujourd’hui », annonce Eric Sèle, vice-président et directeur général Europe du Sud et EMEA. En témoignent les choix de Renater, du NYSE (New York Stock Exchange) ou encore de SFR qui ont tous sélectionné la technologie de Ciena pour relier en liaison 100G leurs différents sites.

Ciena se distingue notamment sur le marché par son offre de technologie dites « cohérente » notamment développée suite à l’acquisition de Nortel MEN en 2009. « Cette technologie cohérente basée sur le Carrier Ethernet permet de s’affranchir de la qualité des fibres [monomode] », souligne le dirigeant de Ciena. Autrement dit, le 100 Gbit/s peut-être déployé sur une infrastructure existante dans des délais très brefs (quelques jours). « Là où passe un réseau 2,5 ou 10G, on peut l’optimiser en 100G, assure Eric Sèle. Cela permet de multiplier la bande passante sans réinvestir dans l’infrastructure. »

Le 100G reste onéreux

Un avantage que nombre d’opérateurs apprécieront, notamment les opérateurs de câbles sous-marins qui peuvent ainsi augmenter la capacité de leurs infrastructures sans avoir à retirer de nouveaux câbles. Ciena propose, en parallèle, le 100G natif qui s’appuie sur les routeurs des deux seuls fournisseurs qui proposent des solutions dédiées : Cisco (avec qui Ciena a équipé le NYSE) et Juniper Networks. Ces routeurs viennent équiper les gros noeuds de réseaux avec la technologie Carrier Ethernet de gestion intelligente des paquets (ce qui optimise notamment les temps de latence si chers au monde de la finance). Deux réponses technologiques au problème de dispersion du signal optique face aux montées en fréquence (donc en débits).

Reste que le 100G reste encore très onéreux. « Le 100G reste plus de dix fois plus cher que le 10G », reconnaît Eric Sèle. Mais l’équation économique va évoluer au fil des ans. « Dans le 40G [lancé il y a 3 à 4 ans, NDLR] c’est déjà avéré, illustre le responsable. Le 40G est quasiment moins cher que quatre fois le 10G sachant qu’il faut prendre en compte la consommation électrique réduite dans l’équation ». Il faut en effet quasiment la même puissance électrique pour émettre un laser, que celui-ci transporte du 10, 40 ou 100G. « L’équation économique devrait se vérifier d’ici 2 ans pour le 100G. »

« La qualité de service est indispensable »

Il est vrai que les besoins évoluent. D’abord sur le marché des particuliers pour lequel l’offre de contenus ne cesse d’augmenter, tant sur les réseaux fixes que mobiles. « On s’aperçoit que l’on est obligé de porter la fibre au plus près des abonnés. Et la convergence du réseau fait que la même infrastructure doit transporter la voix et les données. Aujourd’hui la qualité de service est indispensable. Si demain on regarde tous en même temps le match de foot sur nos smartphones ou nos téléviseurs 3D, le réseau tombe et il n’y a plus de service voix », avertit Eric Sèle. Une logique qui peut s’appliquer à l’échelle de l’entreprise à travers l’émergence du cloud. « Face au partage des ressources informatiques avec calculs à distance, le débit est primordial, insiste Eric Sèle avant d’ajouter que sans débit, pas de cloud. » Toute l’équation économique se jouera donc dans la capacité à délivrer plus pour le même prix au mégabit. Une équation à laquelle Ciena entend se positionner durablement.