Eric Soares (Ingres) : « Avec VectorWise nous accélérons par dix le traitement des bases de données »

Les développements du projet open source Ingres VectorWise d’accélération du moteur de base de données sont finalisés. Reste à passer à la phase d’industrialisation. Ce à quoi s’attelle Ingres.

Partir des architectures matérielles actuelles pour développer une nouvelle génération de moteur de base de données. Tel est l’objectif du projet open source Ingres VectorWise lancé il y a un an environ par l’éditeur éponyme et le CWI d’Amsterdam, un institut de recherche en mathématiques et science informatique, avec le soutient d’Intel. « Les bases de données sont des vielles dames conçues il y a plusieurs années (30 ans pour Ingres), rappelle Eric Soares, directeur général d’Ingres France, même si elles ont évoluées, les bases de données relationnelles d’aujourd’hui ne tirent pas intrinsèquement parti des nouvelles générations de processeurs et de stockage mémoire. Aujourd’hui, il n’y a plus de barrière physique.Nous avons voulu casser la barrière entre le logiciel et le matériel. »

Après un an de développement, le résultat est à la hauteur de ce que le CWI avait présenté à Ingres sur le papier : un noyau de base de données « révolutionnaire ». « Les gains de performances sont multipliés par dix par rapport aux meilleurs gestionnaires de bases de données du moment », soutient le dirigeant. « C’est très encourageant », estime Eric Soares même s’il précise bien que ce sont des résultats obtenus en laboratoire et que l’usage opérationnel final sera sûrement en deça.

Du Data Warehouse sur un serveur standard

Il n’en restera pas moins « colossal ». Avec VectorWise, le dirigeant d’Ingres France entend permettre de s’appuyer sur un serveur x86 standard (processeur Xeon quadri coeur, quelques giga de mémoire) pour traiter l’équivalent de ce qu’une machine spécifique dédiée au data wharehouse départemental (type Teradata) est capable de supporter. Autre usage possible, l’exploitation d’images des données à traiter exportées sur un simple ordinateur portable. « Il sera ainsi possible de traîter des centaines de millions de transactions sur un ordinateur portable. »

L’accélération des traitements de calcul n’est pas le seul intérêt du projet VectoWise. Il permettra aux entreprises de décupler les vitesses de calcul sans qu’elles aient à investir dans de nouveau matériel serveur optimisant ainsi le coût total de possession (TCO). « L’impact coût s’inscrit aussi en terme de Green IT, souligne Eric Soares. Je pense que la réduction du coût est très importante en matière de consommation d’énergie, et la courbe d’économies peut être très significative, ce qui nous donne très envie d’industrialiser le projet. »

Construire une interface conforme aux standards

Car VectorWise n’en est qu’au stade expérimental. « Il faut maintenant construire une interface conforme aux standards d’aujourd’hui et s’assurer de rendre le moteur de base de donnée compatible avec les générations précédentes», confie Eric Soares. Une étape qui devrait nécessiter encore quelques mois avant la mise en commercialisation.

Il n’en reste pas moins que les développements avancent à grands pas. « C’est grâce au modèle libre, s’enflamme le dirigeant français, l’ open source est un bon moyen de réduire les coûts de développement et d’innover rapidement. On peut rapidement répondre à des besoins concrets en termes d’innovation contrairement à la concentration des éditeurs qui ont du mal à digérer les acquisitions et à faire évoluer leurs produits. Pour innover, il faut travailler de manière collaborative. » Oracle appréciera.

L’open source, une opportunité pour les bases de données

Les gros éditeurs pourraient d’ailleurs souffrir à l’avenir sur le marché de la base de données. Selon Eric Soares, « la base de données s’inscrit désormais dans une démarche industrielle où elle va se banaliser ». Même si ses usages et ses volumes vont augmenter, les revenus qui s’en dégageront vont eux baisser du fait d’une diminution de la valeur du produit en lui-même.

Autant de perdu pour les modèles économiques basés sur la vente de licence tandis que les éditeurs open sources tireront leur épingle du jeu grâce à la commercialisation de support et services. Les analystes prévoient d’ailleurs une montée en puissance de l’open source sur le marché de la SGBD qui devrait passer de 500 millions de dollars à 4 milliards d’ici trois à quatre ans (sur un marché de 18 milliards partagé pour 90 % par Oracle, IBM et Microsoft).

Projet open source oblige, Ingres publiera VectorWise (qui changera probablement de nom à l’occasion de sa « commercialisation ») sous licence GPL. Quitte à en faire profiter la concurrence. Mais Ingres compte bien se démarquer en s’appuyant sur son savoir faire. « Nous sommes au cœur des processus métiers des entreprises et savons répondre à leur besoin d’innovation facteur de compétitivité. » Ingres compte 10.000 clients dans le monde. Et d’ajouter : « Nous avons ouvert une voie : casser la barrière entre le matériel et le logiciel, et j’espère que d’autres vont suivre. » Beau joueur avec ça!

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