Espionnage : un rapport américain accable la Chine

Un document dont l’objectivité n’est pas la première qualité, publié par l’USCC (US-China Economic and Security Review Commission), accuse l’empire du Milieu de fomenter une véritable guerre d’espionnage industriel à grande échelle contre les technologies « made in USA »

Le document, que certains experts jugent alarmiste, fait de l’espionnage industriel chinois une « menace nationale, voire internationale ».

Les Américains jouent donc la carte du « péril jaune », plutôt que celle du dialogue, au risque d’être accusés d’aller un peu vite en besogne. D’autant que récemment la Chine a fait preuve de bonne volonté en appelant à une plus grande collaboration interétatique.

« Des plates-formes sophistiquées permettant l’espionnage industriel sont en train de se développer en Chine à une vitesse extrêmement rapide » indique le document.

Selon les auteurs du texte, il devient impératif, pour le Congrès américain, de prendre des mesures fermes pour protéger les citoyens américains de ces « chinoiseries informatiques », et d’assurer la sécurité des machines américaines qui contiennent des données stratégiquement sensibles.

L’USCC n’en est pas à son premier rapport sur le sujet. En réalité, cela fait déjà plus de cinq ans que les rapporteurs de la Commission multiplient les publications sur cette thématique.

Rappelons par exemple qu’en 2006, le géant chinois Lenovo s’est offert la division PC d’IBM. À la suite de cette annonce, l’USCC avait publié une note dans laquelle, il était indiqué que l’introduction de logiciels-espions dans les machines IBM vendues sur le sol américain était une menace sérieuse. Pourtant, a la suite de nombreux tests menés par des spécialistes de la sécurité, aucun Trojan, vers, virus ou autres codes malveillants n’ont été découverts.

La peur se généralise…

L’Amérique n’est pas la seule à trembloter. Sur la liste des craintifs, l’on peut également rajouter la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne.

Selon les services de renseignements de ces trois pays, les tentatives d’intrusion en provenance de Chine se multiplient. L’Australie n’est pas en reste, d’après le gouvernement, près de 1.000 agents chinois infiltrés travaillent sur son territoire.

L’espionnage industriel est loin d’être une nouveauté. Déjà pendant la seconde Guerre mondiale (ndlr: le fameux épisode de la fusée V2 allemande), mais aussi pendant la guerre froide, les états se livraient à une guerre de l’ombre dont l’enjeu était le renseignement.

Aujourd’hui, le problème est relativement similaire. Seulement les technologies utilisées sont différentes, et une partie importante de l’économie mondiale repose sur cette connectivité que procure la Toile et l’usage des technologies de l’information. Les principales cibles sont désormais les entreprises.

Et les espions cherchent désormais à se procurer des informations sur des problématiques comme les secrets de production et de fabrication de certains équipements. Qui plus est, de nos jours, les sociétés américaines, chinoises, australiennes ou encore européennes ont toutes une identité multinationale, et en conséquence, elles sont présentes sur l’ensemble du globe. La tentation est donc encore plus grande pour les cyberespions.

D’après le rapport « assez paranoïaque » publié par l’USCC, la Chine serait la championne de l’espionnage industriel, et le pays multiplierait les tentatives d’intrusion. Pourtant, le document n’étaye pas sa théorie. Plus grave, il n’apporte aucun nouveaux faits permettant de justifier ces graves accusations.

Certes, les autorités américaines ont déjà procédé à l’arrestation d’espions chinois présents sur son territoire, mais pour l’instant il est trop tôt pour affirmer que les militaires chinois sont à l’origine des récentes tentatives d’intrusion dont ont été la cible les USA, mais aussi la France, l’Allemagne et l’Australie.