Vu des États-Unis, le droit à la déconnexion est une extravagance française

En France, le droit à la déconnexion est une des dispositions de la loi Travail qui fait le moins de vagues. Aux États-Unis, le sujet surprend ou suscite l’ironie.

C’est une des dispositions de la loi Travail les moins disputées en France, mais cela étonne aux États-Unis. Déjà pratiqué par de grands groupes en France, le droit à la déconnexion s’applique, depuis le 1er janvier, à toutes les entreprises françaises de plus de 50 salariés. Un droit dont « les modalités d’exercice sont définies par l’employeur et communiquées par tout moyen aux salariés concernés ». Ce nouveau droit vise à « assurer le respect des temps de repos et de congé ainsi que de la vie personnelle et familiale », à l’heure du tout connecté.

« Cet email de votre patron reçu à 22 heures ? C’est votre droit de l’ignorer. Ce message d’un collègue samedi disant ‘juste une petite question rapide’ ? Une réponse lundi devrait suffire. Mais seulement si vous êtes en France », c’est en ces termes que le Washington Post résume l’initiative dans un article du week-end. « Bien que ridiculisé par certains comme une interdiction du courriel professionnel hors des horaires de bureau, ce n’est pas tout à fait cela », a tempéré le New York Times lundi 2 janvier. « L’initiative est née de l’idée qu’il est réellement bénéfique pour les gens de ne pas travailler tout le temps, et que les travailleurs peuvent occasionnellement fixer des limites lorsque les exigences de leur employeur s’imposent le soir à la maison, lors de vacances précieuses ou le dimanche entre amis ou en famille ».

Déconnexion, quelle déconnexion ?

En mai dernier, c’est le groupe audiovisuel NBC qui se demandait si une telle disposition serait applicable aux États-Unis. Dans l’émission The Today Show, le journaliste et animateur Matt Lauer avait finalement tranché : « jamais ce droit ne pourrait fonctionner ici ». Il suffit, pour s’en convaincre, de voir la place qu’occupent les écrans, les terminaux, les applications et les services associés, dans une ville comme New York. Bien que les recours en justice individuels et collectifs soient nombreux ici, nul ne s’imagine que l’envoi de courriels, de textos et d’autres communications à caractère professionnel, hors des horaires légaux de travail, puisse être dénoncé par une loi fédérale.

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