Europe-Brésil : un câble pour s’affranchir des Etats-Unis

Le câble de communications que le Brésil et l’Europe veulent déployer entre leurs deux continents permettra de sécuriser les échanges vis-à-vis des écoutes sauvages de la NSA.

L’effet Snowden commence à avoir des retombées internationales qui dépassent les préoccupations des seules entreprises pour se concrétiser au niveau des Etats. Notamment entre l’Europe et l’Amérique du Sud. Dans le cadre du 7e Sommet Union européenne-Brésil, les deux territoires on signé, hier lundi 24 février, un accord pour déployer un câble sous-marin de communications en fibre optique entre les deux continents.

Le câble partira de Lisbonne, au Portugal, pour rejoindre Fortaleza au Brésil. Il devrait être déployé d’ici 2015 grâce à un partenariat entre les entreprises Telebras (Brésil) et IslaLink Submarine Cables (Espagne). Des fonds brésiliens et européens permettront de couvrir les 135 millions d’euros du chantier.

Renforcer la protection des communications

Si ce nouveau câble visera à « améliorer les communications entre les deux continents, faciliter l’adoption du haut débit, stimuler les investissements en matière de TIC, réduire les coûts d’interconnexion pour nos entreprises et les chercheurs », il permettra avant tout « de renforcer la protection des communications et de fournir de meilleures caractéristiques fonctionnelles ». Car la technologie du tuyau qui connecte le Brésil à l’Europe se limite aux usages voix. Toutes les données échangées entre les deux régions transitent par les Etats-Unis aujourd’hui.

Or, les révélations d’Edward Snowden sur les écoutes à grande échelle de la NSA (National Security Agency) ont mis à jour la surveillance, pour ne pas dire l’espionnage, par les Etats-Unis des pays aussi bien « ennemis » que partenaires. Une indiscrétion dont veut s’affranchir Dilma Roussef. « Nous devons respecter la vie privée, les droits de l’homme et la souveraineté des nations. Nous ne voulons pas que les affaires et les entreprises soient espionnées. Internet est l’une des meilleurs choses que l’homme a inventé. Nous nous sommes donc mis d’accord pour garantir la neutralité du réseau, un espace démocratique où on peut protéger la liberté d’expression », a déclaré la présidente brésilienne, lors de la conférence de presse.

L’Europe également préoccupée

A l’instar d’Angela Merkel en Allemagne, les communications de Dilma Roussef auraient également été la cible de la NSA, selon les révélations de TV Globo en septembre 2013, tout comme celles de millions de Brésiliens et du pétrolier Petrobras. Ce qui a accéléré la motivation de la dirigeante brésilienne à s’affranchir de son voisin américain en matière de communications. L’Europe est également préoccupée par l’attitude des Etats-Unis sur les écoutes sauvages. Si François Hollande partage les préoccupations d’Angela Merkel en matière de protection des données souveraines, le président français a finalement rejeté l’idée de création d’un réseau numérique européen indépendant du transit américain.

Il n’en reste pas moins que, autonome ou non de la puissance américaine, les câbles sous-marins internationaux restent espionnables, comme l’a récemment montré l’affaire du vol des plans du câble sous-marin SEA-ME-WE4 (notamment exploité par Orange) par la NSA.


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