European IT Forum: conclusion prudente: pas de rebond?

Organisé par IDC à Paris, l’European IT Forum aura été l’occasion de glaner des chiffres « tendances » pour prendre les bonnes décisions

Premier signe: ce congrès se tenait les années précédentes à Monte Carlo… Cette année, à Paris, où l’on a beaucoup tergiversé sur la réalité de la reprise.

Première hypothèse très entendue: il n’y aura pas de rebond avant 2004! Il faudra attendre encore quelque temps avant de voir l’industrie informatique rebondir, car la croissance à deux chiffres des entreprises du secteur a fait long feu. La croissance ne devrait en effet pas dépasser les 7 %.

Économies d’échelle: mais jusqu’où?

Morosité oblige: au début 2003 pas moins de 75 % des grands comptes avaient mis en place une stratégie d’économies d’échelle. Toutes choses étant inégales par ailleurs, ils étaient encore 42 % en juillet à penser que la situation était encore pire que ce qu’ils croyaient. En conséquence, la majorité des entreprises du secteur adoptent un profil bas et font pleuvoir une fois de plus les « profit warnings« . D’autant plus que l’on s’attend à une poursuite des coupes claires dans les budgets sur l’ensemble du second semestre. Toutefois, arrive un seuil au-delà duquel toute économie est plus dangereuse que profitable. Néanmoins, les planifications de dépenses dans ce secteur varient selon un baromètre allant de «avaricieux» à «prudent». Fort heureusement, le quatrième trimestre semble devoir inverser la vapeur et permettre une reprise (timide) des dépenses IT.

Les prévisions 2003-2007 sur le marché « sécurité »

Voici un marché qui ne connaît pas de morte saison! La sécurité connaît une croissance enviable, puisqu’elle a frôlé les 17 % en 2002 pour un total de 2,2 milliards de dollars. Pour cette année, la progression pourrait être de 17,3 % avec une moyenne annuelle de 18,5 % jusqu’en 2007. Le chiffre d’affaires de ce secteur devrait avoisiner les 2,5 milliards en 2007.

Les ventes de ce secteur seraient toutefois inhibées à cause de la trop grande diversité de l’offre. Symptôme révélateur de cet état de confusion sur l’Europe, près de 80 % des personnes interrogées par IDC ont été incapables de citer un seul acteur du secteur! D’ailleurs, ce que veulent les responsables sécurité ce n’est pas un bombardement d’annonces produits, mais des réponses claires et précises à tel ou tel risque. Et IDC de conseiller vivement aux acteurs de se pencher plus avant sur les services d’aide à la décision destinés à la clientèle. D’ailleurs, les services connexes d’audit, d’évaluation des périmètres, de tests de pénétration sont parmi ceux qui connaissent la plus forte demande, ceci parce qu’ils permettent de faire comprendre aux directions générales les vrais risques qu’elles encourent.

Quant à l’externalisation de la sécurité, c’est le ‘flop’ total!

Licences : au secours, le Saas revient!

S’il est un domaine qui peut faire trépigner les CIO, c’est bien celui des politiques de licences appliquées par les éditeurs. Tony Picardi, vice-président du groupe de recherche Logiciels d’IDC explique: «La complexité des logiciels ne s’arrange pas; il n’y a pas de raison pour que l’inverse se produise en matière de licences produit, d’autant que la véritable nature du logiciel change considérablement; ce qui devrait amener l’industrie à réfléchir plus avant sur ses stratégies de vente ».

Le conseil suggéré par IDC est de se rapprocher des modèles économiques des vendeurs de services pour adapter ce ‘pricing’ en l’englobant dans une stratégie de gestion de parc client, ce qui induit notamment une prise en compte dans une approche plus vaste de services complémentaires comme l’assistance sur les logiciels, le dépannage sur site, etc.

Bref, le Saas (Software as Service) devrait faire l’effet d’un coup de pied dans la fourmillière des licences classiques.

Par ailleurs, il semble bien que ce modèle économique doive également subir l’influence de l’open source et fasse l’objet d’alliances entre éditeurs pour proposer des formules communes, mieux adaptées à une informatique (voeu pieu!) intégrée.

N’oubliez pas le service!…

S’agissant du marché des services informatiques de 2002 à l’horizon 2007, IDC a plus particulièrement inspecté les secteurs suivants : SCM (Supply Chain Management), ERP (Enterprise Resources Planning), CRM (Customer Relationship Management), eCommerce et Knowledge Management.

Premier constat : la croissance fantastique que ces secteurs ont connu n’est plus à l’ordre du jour. Comme le fait remarquer Erik Bruin, senior analyste d’IDC European Services : «Désormais, c’est l’utilisation de ces solutions pour satisfaire des besoins précis et permettre d’augmenter la productivité ou de réaliser des économies d’échelle ponctuelles qui est de rigueur».

«D’ailleurs, c’est vers des services complémentaires comme la mobilité ou les Web services, qu’il convient de se tourner si on veut vraiment faire de la valeur ajoutée» précise James Weir, son alter ego.

Ce marché va passer de quelque 34,4 milliards de dollars en 2002 à 51,3 milliards en 2007, soit une croissance annuelle moyenne de 8 %.

Seul secteur à tirer un tant soit peu son épingle du jeu, le SCM devrait passer d’un C.A. de 10,9 milliards de dollars en 2002 à 19,2 milliards en 2007, soit une progression moyenne de l’ordre de 12 % l’an.

Par ailleurs, la pression sur les prix de ces services, due principalement à l’intégration des systèmes et à la phase de consolidation actuelle, devrait s’alléger dès la fin de cette année et se poursuivre en 2004.

Web Services : un pas en avant, deux pas sur le côté !

Pour sortir de cette Tour de Babel qu’est devenue l’informatique d’entreprise, les Web Services semblent la solution rêvée -à croire Anthony C. Picardi, senior vice-président d’IDC Global Software:

«Tout d’abord, ils sont moins coûteux que les systèmes conventionnels d’intégration. Ensuite, c’est sans conteste la technologie logicielle du futur» précise-t-il. C’est pourquoi IDC prévoit à l’horizon 2007 une montée en puissance de ces services. Les dépenses informatiques atteindront les 15 milliards de dollars uniquement pour le territoire nord-américain, sur ce montant, la part du logiciel serait de 3,5 milliards, celle du hard de 4,3 milliards et celle des services de 7 milliards.

Pourquoi les Web services avant tout ? Outre leur faible coût, ceux qui les ont adoptés en premier signalent une baisse très significative des coûts des projets mis en oeuvre ultérieurement à leur application, le retour sur investissement étant atteint en règle générale en moins d’un an. Qui dit mieux ?