Fabrice Coquio (Interxion) : « le datacenter des villes est une affaire d’experts »

Interxion s’apprête à inaugurer Paris 7, son plus récent datacenter. Fabrice Coquio, président d’Interxion France, a répondu à nos questions.

L’absence de Tier4 est-elle un handicap pour le marché des datacenters français ?

Tier4 : a minima le datacenter a deux fournisseurs d’énergie.

La France est une exception, avec un monopole du réseau d’acheminement électrique. C’est le seul marché régulé avec la Pologne. Pour moi, en tant que responsable de la filiale française, c’est un avantage de stabilité. Car la dérégulation représente des dangers, dont celui de devenir un broker en énergie.

Concernant nos clients étrangers, ils représentent 40 % de notre clientèle. Et ils mettent plus d’argent sur la sécurité et les services que nos clients français. Le plus difficile provient des incertitudes fiscales pour nos clients américains, qui ont entrainé des migrations de datacenters vers des pays jugés plus stables, en particulier la Hollande. Un datacenter qui migre est un datacenter perdu…

Comment répondez-vous à la pression de la réduction des coûts ?

D’abord en faisant mieux, plus vite et moins cher. Ce n’est pas un exercice aisé, car la comptabilité analytique de l’informatique n’existe pas. Le mètre carré ne deviendra pas un élément de commodity : 1 m² dans un datacenter est différent de 1 m² dans un autre datacenter.

La comparaison n’est pas aisée et les clauses de benchmark ne s’appliquent pas aux datacenters. Enfin en période de crise nous devons nous appuyer sur un ROI. La couche datacenter représente de 5 % à 10 % du coût informatique. Mais si le datacenter s’écroule…

Savoir gérer un datacenter de manière industrielle est devenu un métier d’experts. Reconnu par notre certification Uptime Institute.

Et quel est le point mort d’un datacenter ?

Notre ROI est de 35 %, soit 3 ans, avec coût du capital à 12 %. Le coût d’accès au capital est cher. Nous devons mobiliser des capacités d’investissement considérables pour développer et maintenir le datacenter, qui s’amortit sur 15 ans. Et nous allons le payer deux fois, avec la maintenance et l’upgrade…

Fabrice Coquio, Président d’Interxion France
Fabrice Coquio, Président d’Interxion France

Photo Fabrice Coquio, Interxion : Alastair Miller