Face à la répression chinoise, les sociétés américaines se disculpent…

Depuis l’ouverture de la Chine aux technologies de l’information, notamment à Internet, plusieurs sociétés occidentales, notamment américaines (Google, Microsoft, Yahoo…) se sont pliées aux processus répressif des autorités de Pekin, ou se sont auto-censurées. Le Congrès américain doit tenir une réunion sur le sujet ce 15 février

Directement mis en cause pour avoir contribué à l’arrestation d’un « dissident » qui s’exprimait sur Internet, Yahoo a élaboré son argumentation défensive: les pratiques de censure concerneraient plusieurs entreprise, voire tout un secteur d’activité -celui de la communication, des médias et d’Internet présents en Chine…

Dans un communiqué intitulé « Yahoo: nos convictions en tant qu’opérateur Internet global, le portail se disculpe ainsi des pratiques dont il est accusé en Chine: « Toutes les entreprises américaines et internationales présentes en Chine font face au même dilemme pour se conformer à des lois qui manquent de transparence [sic!] et qui peuvent avoir des conséquences graves, en contradiction avec nos propres convictions. » Yahoo, Cisco, Microsoft et Google, qui ont dû faire face aux mêmes pressions, ont décidé de répondre aux membres du Congrès qui sont montés au créneau dénonçant une forme de complicité -active ou passive. « Nous entendons être moteur dans cet échange et espérons être rejoints par d’autres acteurs de la communication, des médias et d’Internet. Notre objectif est d’apporter notre contribution au débat pour toutes les entreprises américaines qui doivent faire face à ce défi, en appelant notre gouvernement à faire tout ce qui est en son pouvoir pour nous aider à continuer à offrir les services dont nous savons qu’ils bénéficient aux citoyens chinois, et de pouvoir le faire en accord avec nos convictions et nos valeurs », indique Yahoo ! Les auditions de ce 13 février au congrès pourraient accélérer le passage d’une loi obligeant les grands portails à placer leurs serveurs en dehors de pays répressifs et à interdire l’exportation de technologies internet vers de tels pays. Les valeurs défendues par Yahoo !

Dans son communiqué, Yahoo portail détaille ses valeurs (« corporate values »): –Internet peut transformer les vies, les sociétés et les économies de façon positive. Il doit permettre aux citoyens du monde de communiquer, de s’exprimer, d’accéder à l’information et éventuellement de faire du commerce. Il permet également une amélioration de l’éducation, une réduction des barrières géographiques, une réduction des fractures sociales et offre de nouvelles opportunités économiques. -Yahoo estime que le Net s’est construit sur le principe d’ouverture, de l’information à l’expression de la créativité. Notre mission est de permettre à l’individu d’accéder facilement à l’information et d’échanger librement son opinion. -La mission de Yahoo est notamment de maintenir cette confiance avec sa clientèle. Et pour cela, le respect de la vie privée doit être garantie. Yahoo propose ses services dans une vingtaine de pays et dans pas moins de douze langues et reconnaît les lois locales de ces derniers. » C’est justement sur ce dernier point que porte le débat lancé par des élus démocrates du Congrès: où doit commencer la désobéissance et la protection des sociétés implantées dans des pays où les comportements policiers s’apparent à ceux de véritables dictatures?