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Facebook : la Bourse joue-t-elle au 421 ?

L’entrée en bourse de l’année (pour ne pas dire du siècle) est enfin en passe de se réaliser. Facebook va en effet être coté au Nasdaq aujourd’hui même.

421 millions d’actions ont été mises en vente au prix de 38 dollars l’unité, ce qui permet à la firme de lever près de 16 milliards de dollars en une seule opération. C’est presque un record. Cet engouement s’explique aisément : certains investisseurs misent spécifiquement sur les introductions en Bourse. Or, avec les sociétés les plus médiatiques, ceci peut se traduire par un jackpot dès l’ouverture des places de marché.

Une fois ajoutées les actions que détiennent les dirigeants de l’entreprise (et de leurs investisseurs et employés), la capitalisation de Facebook approche les 104 milliards de dollars.

Charrue, bœufs et bon sens économique

Problème, Facebook n’est ni Microsoft, ni Intel, ni même Google (pas encore du moins). La société a affiché un chiffre d’affaires de 3,7 milliards de dollars en 2011, pour un bénéfice d’un milliard de dollars. Le tout s’appuie pour l’essentiel sur des revenus publicitaires.

Des résultats encourageants, mais pour justifier une valorisation à 104 milliards de dollars, la société devra faire mieux. Beaucoup mieux. Elle devra également stabiliser ses offres. Diverses alertes viennent en effet contester la validité même du modèle publicitaire de Facebook. General Motors a ainsi récemment décidé de ne plus investir d’argent sur cette plate-forme, jugée trop peu rentable.

D’autres études tendraient à montrer qu’il est difficile de tirer des avantages marketing de ce réseau social. Les spécialistes du secteur, qui pensaient un temps que Facebook était un nouvel Eldorado, se rendent maintenant compte que le buzz ne se fait sur cette plate-forme que sous l’impulsion de ses membres. Tenter de piloter un tel phénomène de l’extérieur n’apporte que peu de bénéfices au regard du temps passé et de l’énergie dépensée.

Au vu de toutes ces difficultés, le modèle économique de Facebook est loin d’être totalement assuré. Sauf si la société revend encore plus les données personnelles de ses membres. Une épée de Damoclès plane donc sur la protection des données des utilisateurs du réseau (mais aussi sur la neutralité du Net en général, selon Tim Berners-Lee, créateur du web).

La Bourse a-t-elle la mémoire courte ?

Le gros problème dans cette introduction est que la capitalisation de la société est beaucoup trop élevée. Si Facebook continue sur sa lancée, avec une croissance de 65 %, le bénéfice réalisé sur l’année 2012 sera 63 fois inférieur à la capitalisation de la firme… à condition que la valeur de l’action ne monte pas d’un iota.

Disons-le tout net, c’est trop. Beaucoup trop. Sur les places de marché, rien ne permet de justifier un tel écart entre capitalisation et résultats. Partant de là, la réaction de la Bourse pourra prendre deux formes : soit les financiers vont remettre à sa place la société en laissant filer la valeur de l’action (quelques semaines après son arrivée au Nasdaq, afin de profiter de la bonne affaire de son lancement), soit ils laisseront le cours de l’action s’envoler (remettant à plus tard l’ajustement de sa valeur).

Cette seconde option formerait alors un terrain favorable à l’apparition d’une nouvelle bulle spéculative. En effet, les autres entrées en Bourse de grands réseaux sociaux devront se faire avec des ratios équivalents. Sans quoi, rien ne justifiera plus celui appliqué à Facebook. Or Twitter et LinkedIn sont sur les rangs. Problème, si cette bulle spéculative touche trop de valeurs du Nasdaq elle risque de faire trembler l’ensemble de l’édifice. Une vaste correction « technique » des cours deviendra alors nécessaire. Cela ne vous rappelle rien ?


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