Faut-il laisser les fournisseurs d’accès analyser nos e-mails ?

La perspective a de quoi nous faire frémir? Combien d’e-mails vont réellement nous parvenir si les fournisseurs d’accès se lancent dans l’analyse systématique de tous les courriers électroniques. Et quid des risques de dérive ?

Les mesures anti-spam seraient déjà à l’origine de la destruction d’une part importante, proche des 20%, des e-mails qui nous sont expédiés. Mais la dernière trouvaille des fournisseurs d’accès laisse rêveur !

Bien sûr, l’analyse systématique des e-mails qui transitent par les FAI, et en particulier des pièces attachées qui dans 90% des cas d’attaques virales sont le porteur des virus, est une réponse à l’attente de sécurité des internautes. Mais la démarche, qui sera adoptée prochainement par les ISP américains EarthLink et BellSouth pour leurs 7 millions d’abonnés, laisse planer de nombreux doutes. Des zones d’ombre sans réponse ! Tout d’abord, l’auscultation des e-mails, même à titre de sécurisation, peut être considérée comme une atteinte flagrante à la vie privée. Elle pourrait créer une porte largement ouverte soit à une nouvelle forme de délits sémantiques, proche du délit de faciès mais basée sur le langage, soit en créant une nouvelle opportunité de piratage de l’information. Ensuite, la destruction des e-mails déclarés douteux va immanquablement augmenter le nombre de courriers légitimes qui ne parviendront pas à leurs destinataires. Et cela sous une forme que l’on nous présente comme légale, au titre de la sécurité. Enfin, ce type d’opération va ralentir la transmission des informations – l’e-mail est la première activité des internautes – au prix d’un coût qui sera quoi qu’il arrive répercuté sur le consommateur. Et quel sera le traitement imposé à la messagerie en temps réel, à la diffusion de vidéo, et pourquoi pas à la téléphonie via IP ?