Faux chiffres du chômage : la responsabilité est partagée entre Pôle Emploi et SFR

Si les statistiques faussées du chômage en août résultent bien d’une mauvaise manipulation de SFR, la DSI de Pôle Emploi a également sa part de responsabilité dans ce raté. Faute d’outil adéquat pour traiter les données du reporting de l’opérateur.

Une enquête publiée ce matin dans Les Echos pointe la responsabilité de Pôle Emploi dans la publication des chiffres erronés du chômage en août. Rappelons que le 25 septembre, les statistiques dévoilées par l’organisme faisaient ressortir une baisse de 50 000 chômeurs (catégorie A) en août, un résultat dont s’était immédiatement emparé le gouvernement. Problème : ce bon résultat était largement artificiel et résultait d’un bug chez SFR, en charge des SMS de relance aux chômeurs devant actualiser leur situation.

Dès le 1er octobre, Silicon révélait que l’incident provenait d’une mise à jour de la plate-forme de gestion des campagnes par SMS que SFR, le prestataire, met à disposition de son client Pôle Emploi. Selon nos informations, la mise à jour portait notamment sur la « désanonymisation » des envois. Un changement technique que SFR aurait dû signaler aux autres opérateurs. Ce qui, semble-t-il, n’a pas été fait.

Conséquence de cet oubli, Orange a bloqué les messages de relance vers les mobiles de 186 000 de ses abonnés. N’ayant pas reçu cette relance, certains de ces chômeurs ont oublié d’actualiser leur situation, ce qui a conduit à leur radiation automatique. D’où une baisse artificielle des chiffres du chômage.

Reporting complexes, fichiers illisibles

Problème, expliquent Les Echos, dès le 13 septembre, via les reportings que fournit SFR à Pôle Emploi (52 fichiers pour 26 directions régionales), l’organisme aurait dû détecter le problème. Soit 12 jours avant la publication des chiffres. Mais, ajoutent nos confrères, ces outils de reporting ont, eux aussi, été renouvelés en juin. Et comme l’avoue la DSI de Pôle Emploi, citée par nos confrères, « à l’heure actuelle, le format compressé de ces fichiers (mis à disposition par SFR, NDLR) n’est pas reconnu par Pôle Emploi », sauf à passer par une manœuvre complexe. Bref, Pôle Emploi disposait des informations nécessaires, mais n’avait pas les outils pour les traiter. A la décharge de la direction informatique, les reporting de SFR « ne brillent pas par leur clarté », notent le quotidien économique. De son côté, SFR n’est pas contractuellement chargé de vérifier le bon acheminement des SMS de relance.

Dans son édition du 9 octobre, Le Canard Enchaîné rapportait que, lors du Conseil des ministres du 2 octobre, Michel Sapin, ministre du Travail, aurait déclaré qu’Orange allait remplacer SFR pour l’envoi des SMS de rappel de déclaration de situation aux demandeurs d’emploi. Si Pôle Emploi a bien sonné les cloches à son prestataire pour éviter de nouvelles bourdes, l’opérateur explique ne pas être au courant d’une quelconque rupture de contrat décidée par son client. Récemment, Pôle Emploi a confirmé à Silicon.fr que « le contrat a été signé en juillet 2012 pour deux ans [et qu’un] nouvel appel d’offre aura lieu en juillet 2014 ».


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