Femmes DSI : des budgets IT plus élevés et des risques anticipés

Les femmes DSI anticipent davantage le risque IT et tablent sur une hausse des budgets plus élevée que leurs homologues masculins. Tina Nunno, vice-présidente de Gartner, fait le point.

Le cabinet Gartner a publié en début d’année les résultats d’une enquête réalisée auprès de 2810 DSI, dont 382 femmes, gérant un budget IT total de 397 milliards de dollars dans 84 pays. La société d’études a comparé et analysé leurs réponses. Minoritaires, les femmes DSI anticipent davantage le risque et tablent sur une hausse des budgets informatiques plus élevée que leurs homologues masculins. Une tendance qui se confirme pour la deuxième année consécutive.

Des budgets IT en hausse pour tous en 2015

Tina Nunno - Gartner
Tina Nunno – Gartner

Les femmes DSI interrogées par Gartner prévoient d’augmenter leur budget de 2,4% en 2015, alors que leurs homologues masculins tablent sur une hausse de 0,8% seulement. Les raisons de cette différence de 1,6 point demeurent encore floues, mais d’autres données de l’enquête « montrent que les femmes DSI sont davantage préoccupées par le sous-investissement dans la gestion du risque IT que les hommes », explique à la rédaction Tina Nunno, vice-présidente et Gartner Fellow au sein du groupe CIO Research de Stamford, Connecticut. « Les femmes DSI sont plus concernées que leurs homologues masculins par le volet ‘ressources’ de l’équation numérique », ajoute-t-elle.

La majorité des DSI – femmes et hommes – estime que le monde numérique crée des risques supplémentaires pour l’environnement IT. Mais les femmes DSI (79%) sont plus nombreuses que les hommes (67%) à déclarer que les investissements dans la gestion du risque ne sont pas adaptés aux enjeux de sécurité et conformité actuels et à venir. Elles sont aussi sensiblement plus nombreuses à penser que des méthodes agiles permettront de mieux traiter le risque IT.

La DSI négocie mieux avec la direction générale

L’impact des relations entre la DSI et d’autres directions sur l’évolution des budgets IT est un autre volet du sondage. Les hommes déclarent pouvoir obtenir une augmentation de budget IT de 2,8% lorsqu’ils s’adressent à la direction générale de leur organisation. Mais ils s’attendent simplement à maintenir les budgets lorsque la négociation intéresse d’autres directions (COO, CFO, etc.). Les femmes DSI, en revanche, pensent obtenir une hausse des budgets IT quelles que soient les directions avec lesquelles elles négocient (3,2% avec la direction financière et jusqu’à 4,2% lorsque la DSI d’une unité s’adresse à la DSI du groupe).

Les femmes DSI personnalisent leur communication. « Les femmes et les hommes DSI utilisent des approches différentes pour promouvoir la valeur de l’informatique au sein de leur organisation et n’ont pas le même rapport à la hiérarchie. Ainsi, par exemple, lorsque les femmes DSI s’adressent à la direction générale, elles sont plus susceptibles que les hommes de souligner l’impact de l’IT sur la valeur actuelle nette et les flux de trésorerie. Lorsqu’elles s’adressent au directeur des opérations (COO), elles mettent davantage en lumière l’impact de l’IT sur le retour sur investissement et la productivité. En revanche, le discours des hommes occupant la fonction de DSI varie peu d’une direction à l’autre », précise l’analyste.

Le top 5 des technologies prioritaires

Malgré ces différences d’approche des budgets IT, les 5 technologies prioritaires sont les mêmes pour les DSI hommes et femmes aujourd’hui, à savoir : les solutions analytiques, les infrastructures et les data centers, le Cloud, les ERP et les technologies mobiles. « Les différences de priorités technologiques constatées par le passé étaient souvent liées au fait que les hommes et les femmes DSI ne travaillaient pas dans les mêmes secteurs », commente Tina Nunno, mais « ces différences se sont estompées » avec la numérisation de l’économie.

Mais les femmes sont encore peu présentes dans l’IT. Et les directrices des systèmes d’information sont largement minoritaires, cependant leur nombre progresse. En 2015, 87 femmes (17,4%) sont des DSI d’entreprises du classement Fortune 500, alors qu’elles étaient 61 en 2012. Mieux encore, selon Boardroom Insiders, un DSI sur deux est une femme dans les entreprises du Fortune 10.

« Les jeunes femmes qui intègrent le domaine des STEM (sciences, technologies, engineering et mathématiques) sont encore peu nombreuses. Aux États-Unis par exemple, 1 travailleur sur 4 dans le secteur est une femme. La croissance lente du nombre de femmes DSI est également liée à la façon dont nous percevons le leadership promu dans l’entreprise, ajoute la vice-présidente de Gartner. Je reste optimiste cependant, le nombre de femmes dans le secteur va augmenter, les opportunités sont nombreuses et les rémunérations plus élevées que dans d’autres secteurs. »

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