Fibre : Free promet 70% de couverture à Paris en 2009

A l’occasion des Deuxièmes Assises du Très Haut Débit, l’opérateur, ainsi que Neuf Cegetel, est revenu sur sa stratégie de déploiements et sur les problèmes épineux de mutualisation

La fibre optique reste un sujet qui passionne. Il suffisait pour s’en rendre compte d’observer l’affluence ce mardi lors des Deuxièmes Assises du Très Haut Débit organisées au Sénat dans le cadre des ‘Assises du Numérique’.

On le sait, les trois grands –Free, Neuf Cegetel et Orange – se sont lancés à corps perdu dans le déploiement de leurs réseaux dans les grandes villes. L’absence de cadre réglementaire est criant, l’anarchie plane quelque peu mais face à l’enjeu de la transition post-ADSL, tous les coups sont permis.

Avant d’aborder ces épineuses questions réglementaires, notamment les problèmes de mutualisation du génie civil et des infrastructures dans les immeubles, Free et Neuf ont tiré un premier bilan de leurs déploiements.

Free qui a annoncé 1 milliard d’euros d’investissement dans la fibre d’ici à 2012 dont 300 à 400 millions pour 2008-2009 serait en ligne avec ses objectifs:

« A Paris, nous estimons qu’il faut 60 NRO (noeuds de raccordement optique) pour assurer une bonne couverture. A ce jour, 40 sont déjà ouverts et équipés. D’ici 12 à 15 mois, 70% de la capitale sera couverte. En province, nous revendiquons 400.000 prises raccordables », explique Olivier de Baillenx, directeur des relations institutionnelles d’Iliad. Mais lorsqu’on l’interroge sur le nombre effectif d’abonnés, la réponse est cinglante : « Nous ne communiquons pas sur le nombre de clients ».

Du côté de Neuf Cegetel, dont l’investissement atteindra 300 millions d’euros d’ici 2009, ce sont un million de prises raccordables qui ont été déployées, selon Arnaud Lucaussy, directeur de la réglementation et des études économiques pour SFR, maison mère de Neuf.

Les arcanes de la mutualisation

Sur les moyens permettant d’accélérer les déploiements de façon équitable, tous les acteurs en présence plaident en faveur d’un cadre commun prônant la mutualisation des dépenses de génie civil, poste le plus gourmand. Il faut savoir que, selon les calculs de la Caisse des dépôts, « fibrer » un abonné coûtera de 70 euros (grande ville, immeuble de 60 personnes) à plus de 400 euros pour les pavillons.

Mais sur les modalités de cette mutualisation, les choses se compliquent. Pour le génie civil, France Télécom a formulé une offre symétrique de partage des foureaux. Mais pour Arnaud Lucaussy (SFR), « cette offre n’est pas opérationnelle« . Pire, elle est incomplète puisqu’elle ne concernera que certaines villes équipées de réseaux souterrains exploitables.

« On regrette que la mutualisation du génie civil s’arrête aux fourreaux« , s’inquiète Olivier de Baillenx (Iliad). « Par ailleurs, il y a des zones où cette mutualisation ne sera pas suffisante, d’où l’importance du rôle des collectivités locales dans la mise à disposition des fourreaux« .

Et de poursuivre : « Dans les zones peu denses, nous sommes ouverts au co-investissement entre opérateurs et avec les collectivités, mais le cadre juridique ne le permet pas encore« .

Ensuite, se pose le problème de la mutualisation du point d’accès (en bas de l’immeuble ou en amont) et du câblage dans les immeubles (un seul réseau sera déployé, d’où la crainte du premier arrivé, premier servi dénoncé par l’UFC Que Choisir).

« Pour être efficace, il faut mutualiser le plus en amont possible des immeubles« , souligne Olivier de Baillenx. Un avis partagés par Neuf : « Nous sommes prêts à ouvrir nos NRO de façon symétrique« , déclare Arnaud Lucaussy.

Mais c’est bien le cas France Télécom qui inquiète. Doté d’une grande force de frappe, l’opérateur historique va vite, trop vite au goût de la concurrence. « On ne pourra pas revenir en arrière une fois que France Télécom aura préempté des immeubles, des zones. Et on ne sait absolument pas à quelle vitesse ils déploient. La question de l’égalité concurrentielle se pose. Et elle se pose aussi pour Numericable qui profite de ses infrastructures sans les partager« , tonne le directeur de la réglementation.

Heureusement, l’Arcep est aujourd’hui prête à encadrer ce marché. Le régulateur vient de publier ses propositions : permettre aux opérateurs d’exploiter un réseau déployé par un autre dans un immeuble, mutualisation du génie civil et des points de raccordement. Mais sur la question de la localisation du point de mutualisation, l’Autorité ne semble pas encore avoir tranché.