Fibre : le RIP de la région Grand Est échappe à Altice-SFR

La région Grand Est vient d’attribuer son projet de déploiement de la fibre dans 7 de ses départements au duo NGE-Altitude.

Si Altice-SFR a l’intention de fibrer toute la France en fonds propres, l’opérateur devra compter avec quelques concurrents dans les zones gérées par les collectivités locales. A commencer par la région Grand Est. L’opérateur d’infrastructure Altitude Infrastructure et le groupe de BTP NGE Concessions viennent d’annoncer avoir remporté l’appel d’offre pour déployer le très haut débit (THD) dans sept des dix départements de la zone (Ardennes, Aube, Marne, Haute-Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse et Vosges) à travers un projet de réseau d’initiative publique (RIP).

1,5 millions de prises FTTH

Ils mettent la main sur un gigantesque chantier de 1,5 million de prises FTTH (fibre optique à domicile) à installer dans le 4 300 communes de la région. Le plus gros RIP dans le cadre du Plan France Très haut débit représentant 10% des zones d’initiative publique. Un chantier qui nécessite 1,3 milliard d’euros d’investissement pour un déploiement étalé sur les 5 prochaines années. Une société concessionnaire sera créée pour gérer la commercialisation du réseau aux opérateurs d’accès Internet et de service pendant 35 ans. NGE et Altitude seront rejoints, dans cette concession, par les fonds d’infrastructure Marguerite et Quaero ainsi que la Caisse des Dépôts.

Un marché que lorgnait avidement Altice-SFR. Suspectant de ne pas être le favori aux yeux du Conseil régional, la filiale du groupe télécoms de Patrick Drahi n’avait pas hésité à accuser la commission en charge du dossier de biaiser son étude des dossiers dans le cadre de l’appel d’offre. Et menaçait, en cas d’échec, de déployer son propre réseau en parallèle du RIP de la région. Une initiative que l’opérateur entend, depuis hier, étendre à l’ensemble du territoire. Il devrait détailler un peu plus son plan de bataille, à commencer par le financement, dans le courant de la semaine prochaine. Rappelons que, selon le Plan France THD, la facture de la couverture complète du territoire en THD s’élèvera à 20 milliards d’euros, voire 35 milliards craint la Cour des comptes.

2000 créations d’emplois

Qui plus est, un opérateur intégré comme Altice-SFR ne dispose pas forcément des outils nécessaires pour amener la fibre dans les zones les plus reculées des régions dans le cadre des RIP prévus pour couvrir 15 millions de foyers (sur les 36 millions à connecter) répartis sur les 4/5e du territoire. Qui plus est, ils visent généralement un retour sur investissement à court termes qui les pousse vers les zones denses plus rentables. A l’inverse, un opérateur d’infrastructure s’engage à couvrir intégralement la zone attribuée, à garantir l’interopérabilité des réseaux, à pratiquer la péréquation tarifaire afin de proposer les mêmes offres sur l’ensemble du territoire, à laisser aux fournisseurs d’accès le soin de commercialiser les services aux utilisateurs finaux. Enfin, son modèle financier est calculé pour permettre un retour sur le long terme.

Sur le plan financier pour le projet Grand Est, NGE et Altitude sont soutenus par la Société Générale. Le déploiement s’effectuera à travers 95 chantiers lancés en parallèles. Plus de 2000 créations d’emplois sont annoncées pour l’occasion dans les métiers de la fibre. « Les élus de la Région Grand Est font preuve d’une ambition et d’une vision exemplaires pour leur territoire, déclare David El Fassy, PDG d’Altitude Infrastructure. Ce nouveau marché confirme le positionnement d’Altitude Infrastructure et porte à 2,3 millions de prises FTTH en concession, sur un objectif fixé à 3 millions. » Altice-SFR privera-t-il Altitude des 700 000 prises qui restent à trouver ?


Lire également
Assises du très haut débit : « Sur le THD, on manque de visibilité »
L’Arcep esquisse les contours de la nouvelle réglementation de la fibre
Une feuille de route en septembre pour le déploiement du très haut débit

Photo credit: mattdork via VisualHunt / CC BY-NC-SA