Fibre optique: Bouygues Telecom construira son propre réseau très haut débit

Bouygues Telecom décide finalement de ne pas laisser le marché du très haut débit à ses concurrents. Mais l’opérateur s’oppose au déploiement multifibres de l’Arcep…

Fort de ses bons résultats, Bouygues Telecom décide de mener de front la conquête du marché du très haut débit (THD). A l’occasion de la présentation des résultats du groupe Bouygues, Martin Bouygues devrait se lancer dans la construction de son propre réseau de nouvelle génération en fibres optiques résidentiel (FTTH). L’opérateur « étudie le déploiement d’une infrastructure fibre optique en propre, un sujet sur lequel nous travaillons énormément », a déclaré le PDG.

Si les zones les plus denses, à commencer par Paris intra-muros, constituent évidemment la cible prioritaire de ce déploiement, l’opérateur n’en négligerait pas les zones moins peuplées. Un changement de stratégie majeur puisque les dirigeants n’envisageaient pas, il y a un an, de tels investissements dans l’infrastructure. De plus, fin 2009, Bouygues Telecom annonçait s’appuyer sur le réseau de Completel (Numericable) pour lancer une offre très haut débit d’ici l’été 2010. Celle-ci devrait donc constituer une étape intermédiaire dans le cadre d’une stratégie plus ambitieuse.

Selon Les Echos (04/03), les travaux dans Paris auraient même commencé. L’opérateur prévoit d’investir « quelques dizaines de millions d’euros » dans son réseau optique en 2010. Ce revirement tient notamment dans l’intention pour Bouygues de ne pas se laisser dépasser technologiquement par ses concurrents. SFR, Iliad (Free) et Orange ont tous annoncé leur stratégie de déploiement d’une infrastructure très haut débit en propre. Lequel est désormais simplifié par le plan multifibres de l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) qui, pour les zones denses, vise à mutualiser le déploiement vertical (dans les immeubles) des fibres des concurrents (contre participation financière) par un unique opérateur.

Sauf que Martin Bouygues ne partage pas cette vision. Toujours selon le quotidien économique, le PDG juge « techniquement inutile » ce choix de disposer jusqu’à 4 fibres d’opérateurs concurrents à domicile et qui amènerait à favoriser l’opérateur dominant (Orange) alors que le but recherché visait précisément l’inverse. Martin Bouygues justifie sa vision en estimant que cette stratégie « requiert de disposer d’une base de clients [dans] le fixe importante pour pouvoir rentabiliser les investissement ». Base importante que seul Orange détient aujourd’hui.

En conséquence, Bouygues Telecom s’apprête à porter l’affaire devant le Conseil d’Etat. Quel qu’en soit l’issu, Orange, SFR et Iliad doivent désormais compter avec un nouveau concurrent sur le très haut débit.