Fibre optique : France Télécom rejette le plan multifibres de l'Arcep

France Télécom menace de geler les investissements dans la fibre optique si la préconisation de déploiement en multifibres dans les immeubles est maintenue.

France Télécom est sorti de sa réserve après le choix de l’Arcep de préconiser le multifibres pour le déploiement du réseau à très haut débit sur fibre optique dans les immeubles en France. Du moins officieusement. L’opérateur n’avait pas caché sa stratégie monofibre qui consistait à installer une seule fibre par foyer et de « sous louer » ou « dégrouper » ensuite cette fibre auprès des opérateurs alternatifs.

A l’inverse, Free jouait la carte de la multifibre, solution qui permet à l’opérateur de maîtriser de bout en bout son réseau et, donc, ses offres tout en simplifiant pour l’abonné le choix de son opérateur et même d’en changer facilement. C’est cette solution qu’a retenu l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes pour le déploiement de la fibre à domicile (FTTH) dans les zones très denses (une vingtaine de villes en France).

Mais ce choix n’entre pas dans la stratégie de France Télécom. Selon Les Echos (30/06/2009), des représentants de l’opérateur auraient rencontré la direction de l’Arcep pour dire tout le mal qu’il pense de sa décision. Ils seraient même aller jusqu’à menacer de geler leurs investissements dans la fibre au point de dénoncer les accords en cours signés avec les syndics au risque de ne pas effectuer les travaux de pose prévus. France Télécom estime en effet à 40% le surcoût induit par la pose de multiples fibres (jusqu’à 4) alors que l’Arcep l’estime à 5% du coût total des investissements et à 15% du coût de déploiement dans les immeubles, selon les précisions de son président Jean-Ludovic Silicani lors de la présentation du rapport d’activités.

Si la maison mère d’Orange met en applications ses menaces, l’Etat risque de ne pas pouvoir tenir ses promesses (ce ne serait de toute façon pas la première fois). A savoir atteindre 4 millions de foyers raccordés à la fibre optique d’ici 2012. D’autant que l’Arcep veut faire de la France le pays leader en Europe en matière de réseaux à très haut débit. Cependant, il y a peu de chance que France Télécom mette en œuvre sa tactique. D’abord parce que ce serait laisser le champs libre à Free et SFR, voire Numéricâble (tout en encourageant Bouygues Télécom à se jeter dans la bataille).

Ensuite, Orange a déjà largement commencé ses travaux de déploiement horizontaux (jusqu’aux pieds des immeubles) de la fibre. Il serait surprenant qu’il prennent l’initiative de ne pas chercher à rentabiliser ses investissements importants (de l’ordre de 300 millions pour la phase 2006-2009). Enfin, l’Arcep a bien précisé que les frais d’installation des fibres surnuméraires seraient à la charge des opérateurs alternatifs qui se mobiliseront pour faire installer leur fibre par l’opérateur d’immeuble (qui n’est d’ailleurs pas systématiquement France Télécom). Donc, l’argument de l’opérateur historique en référence aux surcoûts insurmontables ne tient pas la route.

Il semble donc que France Télécom joue une partie de poker et tente un coup de bluff. Il est vrai que la construction d’un réseau optique mettra, en terme de services et d’offres, tous les opérateurs sur un pied d’égalité puisqu’ils exploiteront chacun leur propre réseau (du moins dans certaines zones). Un ténor du secteur comme France Télécom aurait-il peur de la concurrence?