Fibre optique: Iliad (Free) accuse France Télécom de blocage

Officiellement, l’opérateur historique avait donné son accord pour louer aux autres opérateurs une partie de son infrastructure réseau en fibre optique. Seulement, rien n’avance. Free met également en cause l’ARCEP

En mars dernier, France Télécom avait annoncé qu’il était disposé à louer ses fibres optiques à d’autres opérateurs, ses concurrents et aux collectivités. Or, 5 mois plus tard, on est au point mort.

Iliad (Free) a décidé une nouvelle fois de passer à l’offensive. Il en appelle à l’arbitrage de l’Arcep, l’autorité de régulation, qu’il accuse au passage, selon le quotidien Les Echos, de « passivité complice« .

Michaël Boukobza monte aux créneaux:

« Cette offre est quasi virtuelle« , lance le dg d’Iliad qui ajoute avec ironie: « France Télécom aurait renoué avec ses anciens travers. Ses équipes font preuve d’une efficacité redoutable pour empêcher que cette offre soit exploitée dans de bonnes conditions. »

Pour sa défense, l’opérateur historique invoque l’indisponibilité de ses faisceaux de fibre optique. C’était la condition de départ, explique-t-il. Or, il déclare que les fibres ne sont pas disponibles dans 70% voire 80% des cas, constate l’Avicca, l’association des collectivités territoriales.

Iliad demande à l’Arcep d’arbitrer et de vérifier ces assertions sur l’indisponibilité.

Paradoxes et contradictions

S’agissant des collectivités locales, on est en plein paradoxe, comme le rappelle le quotidien Les Echos. Si l’opérateur national historique venait à libérer de la capacité réseau, en ouvrant ses fibres, il mettrait à terre tout un pan de la nouvelle concurrence des télécoms. Car c’est précisément la pénurie en capacité qui a justifié depuis 10 ans, la mise en place des règles de concurrence, notamment dans les régions où France Télécom renâclait à investir et à louer ses infrastructures.

Aujourd’hui, le nombre de faisceaux de fibre optique a considérablement augmenté suite aux investissements d’opérateurs d’infrastructures (comme Viatel, Interoute, ou même Réseau Ferré de France -RFF- ce dernier rajoutant encore 300 km de fibre optique pour le TGV-Est…).

Si ouverture à la location il y a, les programmes d’investissement récents par les collectivités pourraient être caduques. Pour certaines d’entre elles, seulement, constate l’Avicca:

« Cette offre [de location] ne déstabilise pas les réseaux existants des collectivités […] mais peut modifier les projets nouveaux sur quelques tracés »

En effet, les réseaux de fibre optique que pourrait louer France Télécom (pour une durée contractuelle de 15 ans!) ne concernent que les raccordements entre centraux téléphoniques, et s’inscrivent donc dans le cadre du dégroupage. Or, les collectivités, comme à Pau par exemple,ou comme Erenis à Paris, ont l’ambition de déployer la fibre jusqu’à l’abonné.

Pour l’heure, France Télécom déclare sa position conforme à ses engagements mais concède néanmoins: « Nous étudions des solutions permettant d’améliorer la disponibilité« .

Tarifs: de grandes disparités

Selon les informations fournies par l’Arcep et LDCollectivités, il apparaît que le prix de location des fibres optiques pourrait varier de 1 à 2 selon les régions. Ainsi, le prix par mètre linéaire sur 15 ans va de 6,10 euros pour la Corse à 11,90 pour le Maine-et-Loire ou, pour la petite couronne de Paris, de 5,5 à 11,43 euros.