Finalement, Telecom Italia conserve ses mobiles

Lors de son premier conseil d’administration, le nouveau président de
l’opérateur a enterré la stratégie de son prédécesseur

Telecom Italia semble avoir bien du mal à définir une stratégie ferme et définitive. Après avoir semé le trouble en Italie en annonçant un virage stratégique consistant à se séparer de sa filiale mobile TIM, le groupe a tenu son premier conseil d’administration depuis la démission de Marco Provera Trochetti. Principale mesure annoncée: la séparation est annulée.

L’opérateur historique transalpin espère mettre un terme à un scandale politico-économique de grande ampleur. En septembre dernier, Marco Provera Trochetti annonçait donc son intention de séparer TIM, sa filiale mobile, de son périmètre. Un virage à 180 degrés pour le groupe.

Cette réorganisation profonde avait été accueillie avec fraîcheur par le gouvernement et notamment le président du Conseil, Romano Prodi. Ce dernier reprochait au président de l’opérateur de lui avoir caché l’ampleur du virage stratégique annoncé.

Surtout, le gouvernement s’inquiétait d’une possible cession d’actifs jugés stratégiques pour le pays. En effet, séparée de TIM, Telecom Italia devient une proie plus facile. Politiques et observateurs s’étonnaient d’autant plus que cette stratégie est contraire à la tendance européenne. Tous les opérateurs européens, et TIM le premier, ont lourdement investi pour réintégrer leurs filiales mobiles et miser sur la convergence fixe-mobile. Pour TIM cela même été un record puisque le groupe a dépensé 21 milliards d’euros dans cette opération !

Mais Telecom Italia expliquait qu’il souhaite désormais se concentrer sur Internet (la marque Alice) et les contenus. Par ailleurs, la cession permettrait à Telecom Italia d’effacer sa dette de 41 milliards d’euros.

Mais l’argumentation n’a pas convaincu le gouvernement qui a poussé le président vers la sortie. Marco Tronchetti Provera a remis sa démission le 14 septembre au cours d’un conseil d’administration extraordinaire « afin de préserver les intérêts de la société et de ses actionnaires », selon un communiqué officiel.

Pour autant, les inflexions stratégiques de Tronchetti semblaient avoir été validées par Guido Rossi, le nouveau président.

Finalement, il n’en est rien. Lors de son premier Conseil d’administration, le groupe « confirme que la convergence entre téléphone fixe, mobile, haut débit et contenus médias reste son principal objectif stratégique (…) sans renoncer aux bénéfices de l’intégration fixe-mobile ». Voila de quoi rassurer le gouvernement et les actionnaires. Comme ses concurrents, Telecom Italia mise sur la convergence et conservera ses mobiles.

Et pour accélérer cette convergence, l’opérateur dépensera jusqu’à 9 milliards d’euros au cours des dix prochaines années afin de « moderniser son réseau », c’est à dire, proposer la fibre au plus vite.

L’objectif est d’assurer aux utilisateurs finaux de ce réseau un débit de 50 mégabits par seconde, afin d’accroître les ventes de contenus, a expliqué son administrateur délégué, Riccardo Ruggiero, dans un entretien publié par le Corriere della Sera.