Forum Alcatel-Lucent: les paradoxes de l'entreprise communicante '2.0'…

Pour sa ‘grand’messe’ annuelle, l’équipementier télécoms a choisi le thème de « l’entreprise dynamique, au coeur de la connaissance »… ou les paradoxes de l’ouverture

Le Forum international d’Alcatel-Lucent, au Palais des Congrès, à Paris, n’a pas failli à sa tradition: un rendez-vous international entre Calabasas (Californie), Ottawa ou Shanghai… où les partenaires du groupe, petits et grands, viennent se mettre à jour sur les orientations de la communication d’entreprise.

Comme Pat Russo, dg du groupe, en avait fait la présentation la veille, Xavier Martin, vice-president Marketing Stratégique, division Solutions d’Entreprise, est revenu devant la presse sur les lignes directrices du groupe.

Derrière des exposés sur « L’entreprise 2.0« , qui ne peut être que « dynamique », mais préoccupée de gérer la connaissance », émerge plus d’un paradoxe: croire suffisamment dans les vertus de la technologie pour porter la croissance quand tous les Etats parlent de menaces économiques, continuer de prêcher l’ouverture alors qu’on vous démontre que vous n’êtes pas « sécurisés » et opter tête baissée en faveur des futurs standards d’échange, dont SIP est le leit-motiv emblématique, alors qu’ils sont loin d’être stabilisés -ce qui sert d’excuses sur l’absence de terminaux « convergents »… que la Chine tarde à fabriquer!

Boutade, certes, mais les termes du débat sont bien là.

Tout d’abord, le bilan de santé

A écouter les dirigeants français du groupe, premier paradoxe: tout va très bien. On songe d’abord à une démarche volontariste – pour ne pas dire politique de l’autruche – qui viserait à ignorer la ou les crises, afin de maintenir, coûte que coûte, le moral des troupes. Mais non: s’il n’est pas possible de donner des chiffres par entité, par pays – c’est dommage, car les résultats sont bons, en particulier en France.

Qui a dit « crise »? « La croissance est forte sur l’infrastructure« , a confirmé Alain Penel, responsable France; sans pouvoir étayer ses propos de la moindre statistique… il a renvoyé la presse aux résultats publiés début février.

Il se confirme, de source interne, que certains marchés, autour de la gamme des commutateurs et routeurs OmniSwitch (ou ‘OXE’, le modèle 6850, un best-seller, par exemple) ont progressé de 20% en France.

L’offre de réseaux sans fil (WirelessLAN 802.11n, par exemple) aurait pris une part de marché très enviable, tout comme les ‘packages’ logiciels prometteurs dont ‘My Instant Communicator’.

« La convergence ou fusion des divisions voix et data au sein du groupe, initiée depuis décembre 2006, par la fusion avec Lucent, a été un réel levier« , explique l’un des responsables.

Sur le terrain, il est vrai, cela correspond à la reprise de la téléphonie par les services informatiques. Et dans le contexte de la convergence IP, cela se traduit effectivement par des ruptures, donc de nouveaux investissements au nom de la modernisation -et cela jusque dans des organisations de taille moyenne, y compris hors secteur privé (le cas par exemple de la mairie de Stains, l’un des témoins du jour. cf. notre article, par ailleurs).

Sommes-nous, pour autant dans le concept de « L’entreprise 2.0 » ?

« La performance de l’entreprise? C’est sa capacité à intégrer 4 facteurs clés« , a repris Xavier Martin: « le réseau, les hommes, les process métier et l’intégration du savoir« . C’est la nécessité de mettre à disposition l’information et de permettre d’accéder à l’expert qui détient la connaissance, « et d’y avoir accès en temps réel« .

Aucun doute, le passage au protocole IP » permet le « collaboratif » ; la fonction de « présence », chère à la messagerie instantantée, en est un bon exemple. « On enrichit les capacités du réseau de sorte qu’il renseigne sur ce qu’il transporte« .

Dans ce contexte, SIP, le protocole « des convergences » (« voix données, fil sans fil, voix sur Wifi, fixe mobile« …) est la panacée. Et pourtant, Philippe Lasserre, directeur technique de la division Entreprise, vous explique qu’en réalité, on est loin du compte: il existe encore plus de 1.200 « standards, ou sortes d’extensions propriétaires de ce protocole dit pourtant universel !

Conséquence, il faudra encore 2 à 5 ans pour que SIP s’impose… D’où la pénurie de terminaux SIP. Mais, paradoxe, comment promouvoir la norme si le client ne peut pas s’en servir?

Alcatel-Lucent se tourne alors vers Thomson, fournisseur de terminaux à prix abordable (30 à 40 euros), mais annonce dans le même temps, « pour la mi-2008 », une gamme de terminaux SIP haut de gamme, qui seront « dual stack » -entendez bi-mode, propriétaire et SIP, avec une connexion giga-Ethernet.

Des jokers « sécurité »

Voilà pour les standards de l’ouverture. Il reste la question de la sécurité. Sur ce chapitre, Alcatel-Lucent sort ses cartes et pas des moindres, puisqu’une bonne partie de la nouvelle offre sort des… Bell Labs -merci Lucent.

Certes, l’accord de partenariat avec Thales, sur les solutions d’encryption, subsiste. Et les commutateurs OmniSwitch accueillent le protocole d’authentification 802.1x tandis que le contrôle d’intégrité est confié à CyberGate Keeper. Mais d’autres jokers arrivent.

Ainsi, l’offre TAD, ou Traffic anomaly detection, est le fruit d’une entité dédiée à la sécurité, en Californie, puisant une partie de ses ressources des Bell Labs, celles-là mêmes qui ont permis la naissance, il y a quelque temps déjà, d’un pare-feu VPN.

Cette solution TAD, combinant authentification, vérification de règles internes de sécurité avec limitation des droits d’accès en fonction de « rôles« , existe en module logiciel sur les commutateurs (y compris les ‘sans fil’) et sous forme de l’appliance OmniAccess Safeguard (introduit en avril 2007).

Le groupe met également en avant l’un de ses petits bijoux – le NonStop Laptop Guardian, présenté en décembre 2007 et disponible: il s’agit d’un périphérique pour PC portables au format PCMCIA, doté d’une connexion mobile 3G / GSM/ Wifi -dérivé de la fameuse carte 3G universelle de Lucent. Elle permet, outre les mises à jour de patchs de sécurité, de verrouiller l’accès à la machine et d’encrypter toutes les données (article à suivre).

Autre atout, un boîtier ou ‘appliance’ 8550: il s’agit d’une passerelle de sécurité régissant les relations de confiance, au niveau des applications (des services WEB, par exemple), entre des entités distantes -qu’il s’agisse de services internes à l’entreprise ou de partenaires extérieurs. C’est une offre orientée grande entreprise, puisqu’elle coûte 100 K-euros… mais surtout elle permet de se mettre en conformité avec les nouvelles réglementations internationales, avec les fonctions, par exemple, de traçabilité, de conservation des logins. Cette solution intéresse, entre autre, HP qui va la combiner avec son offre Systinet (gestion des règles de sécurité). ( A suivre)

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