Framasoft étoffe son opération « Dégooglisons Internet »

De Framalistes à Framatalk… D’autres alternatives aux solutions des GAFAM sont lancées par l’association Framasoft en campagne de « dégooglisation » pour la troisième année consécutive.

La troisième et dernière année de la campagne de sensibilisation « Dégooglisons Internet » débute en ce mois d’octobre 2016. Six nouvelles alternatives, « libres, éthiques, décentralisées et solidaires », aux services en ligne de poids lourds américains du Web sont proposées. Et ce grâce à l’engagement de bénévoles et de donateurs de Framasoft, association de promotion du logiciel libre en France.

L’association part du constat suivant : les services que les GAFAM (Google Apple Facebook Amazon Microsoft) proposent « sont fonctionnels, ergonomiques et le plus souvent gratuits », mais « ils cachent une autre réalité moins reluisante dont l’enjeu principal repose sur le contrôle des données personnelles ».

Déplorant que ce contrôle échappe trop souvent aux utilisateurs, Framasoft a engagé en septembre 2014 sa campagne de « dégooglisation ». Et ce « avec un triple objectif, commente Pierre-Yves Gosset, délégué général de Framasoft : sensibiliser les usagers à la question des données personnelles, jouer un rôle de passerelle en proposant des alternatives basées sur des logiciels libres et simples d’utilisation, et permettre à tous de se réapproprier ces outils et de reprendre le contrôle de leurs données ».

Six alternatives aux services de Google & co.

Voici les services mis à disposition par Framasoft et ses soutiens en ce début d’automne :

Framalistes : une alternative à Google Groups qui permet de créer un email unifié pour un groupe de personnes.
Framanotes : une application de prises de notes, synchronisées et multi plateformes, qui chiffre « toutes vos données, contrairement à Evernote ».
Framaforms : un outil de création de formulaires, qui permet d’en analyser les données « sans confier les réponses à Google Forms ».
Framatalk : un « Skype » libre qui s’ouvre au public et « devrait permettre des audios et vidéos conférences dans le futur ».
Framagenda : permet, à l’instar de Google Agenda, de créer et synchroniser ses rendez-vous, événements, plannings, contacts et listes de tâches.
MyFrama : un outil qui permet de trier et conserver les liens (dont les adresses de services Framasoft), les favoris et les marque-pages, façon Del.icio.us.

Un autre Internet « possible », mais à quel prix ?

Ces alternatives aux solutions de Google et consorts viennent compléter les services d’ores et déjà proposés par l’association (une trentaine de services au total, à ce jour). Tous ont été développés par des communautés qui les mettent à disposition des internautes. Et d’autres outils libres existent.

Médiateur chez Framasoft, Pouhiou explique à la rédaction que quitter les GAFAM « c’est possible, au prix d’un changement parfois radical de ses habitudes informatiques, tant les GAFAM sont omniprésents dans nos vies numériques. Ce « retour à l’indépendance demande un petit investissement personnel », voire de prosélytisme pour les partisans du Libre appelés à sensibiliser leur entourage…

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« Chez Framasoft, nous recommandons d’y aller progressivement, et de tester, service par service (par exemple, en commençant par abandonner Doodle pour une alternative telle que Framadate). Car vous et vous seul-e pouvez décider où vous placez le curseur entre votre confort (à savoir : des services proposés par les plus grosses capitalisations boursières au monde) et vos libertés. Mais, pour être libre de vos choix, il faut que vous ayez connaissance des enjeux, et que des alternatives soient proposées : d’où notre campagne ». Une campagne qui dure depuis deux ans et donne davantage de visibilité à l’association.

Bilan positif et Gmail en ligne de mire

 « Avec très peu de moyens (notre budget annuel, qui provient à 90 % des dons des utilisateurs et utilisatrices, représente 2,7 secondes du chiffre d’affaires annuel de Google), nous pouvons montrer que des alternatives libres, éthiques et respectueuses des intimités numériques sont à la portée de chacun-e. Et nous constatons un intérêt réel du grand public. En effet, nombre de personnes, pas forcément versées dans l’informatique, s’inquiètent et se renseignent de plus en plus sur le profilage publicitaire, l’espionnage étatique, etc. Elles s’emparent de ces enjeux », souligne le médiateur de Framasoft.

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« Bien entendu, tempère Framasoft, notre action reste une goutte d’eau dans l’océan des GAFAM, d’où la métaphore du petit village libriste… C’est pour cela que, sur cette 3e année, nous comptons ‘essaimer’ : transmettre l’expérience acquise durant cette campagne, afin que d’autres hébergeurs de services éthiques se développent, dont le collectif CHATONS. En parallèle, nous préparons des alternatives à Change.org et Avaaz, Blogger ou encore YouTube… Et ignorons si nous aurons les moyens d’atteindre l’inaccessible étoile : Gmail ».

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crédit images : Framasoft